Les Antilles Françaises, particulièrement la Guadeloupe. Tome II

(445) réelle, vu leur discrédit) courut à l'envi pour s'en procurer, 3° Que les actions de la compagnie, préférées par les croupiers de la banque à leur remboursement en espèces, furent estimées à l'égal de l'or et s'élevèrent promptement au taux des actions de la banque.

Ce fantôme de fortune produisit un tel vertige, que le 27 décembre 1 7 1 8 , on établit des bureaux particuliers de banque à Lyon, à la Rochelle, à Tours, à Orléans et à Amiens, Mais Lille , Nantes , Saint-Malo, Marseille et Bayonne s'opposèrent à leur établissement.

En I 7 I 9, on ordonna la fabrication de cent millions de billets de banque, qui ne pouvaient être sujets à aucune diminution comme les espèces. Il fut défendu de faire des paiements en numéraire, d'abord au-dessus de 600 livres, ensuite au-dessus de 10 livres en argent, et de 3oo livres en or. On voulait faire préférer à ces métaux le papier de la banque.

Pour vaincre les opiniâtres, on réduisit l'intérêt du numéraire à 3 et demi, à 2 et demi et à 2 pour cent; on tint les monnaies dans une variation continuelle par une foule d'arrêts contradictoires ; et dans ce délire de la législation, le public se laissa aller à l'impulsion du gouvernement. On poussa la frénésie jusqu'à défendre d'avoir chez soi plus de 5oo livres en espèces; on encouragea les délations; on autorisa des recherches odieuses, et enfin on interdit tout paiement au-dessus de 100 livres en numéraire.

Le papier de la banque inondait la France; pour le faire convertir en actions de la compagnie d'occident,