Les Antilles Françaises, particulièrement la Guadeloupe. Tome III. Partie 2

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( 4o4 ) 1815. me, on exerça les arrestations les plus arbitraires, et la Pointe-à-Pître se vit plus d'une fois cernée par des troupes , au milieu de la n u i t , pour les perquisitions les plus vexatoires. Les prisons ne pouvant suffire aux inquisiteurs politiques du général Leith , ils transformèrent des édifices publics en maisons de f o r c e , et y entassèrent des victimes prises dans toutes les classes, dans toutes les professions, parmi tous ceux contre lesquels les gens en faveur avaient quelque vengeance particulière à exercer, surtout parmi les gens de couleur libres. Les nouveaux agens des A n g l a i s , encore imbus des maximes de leur ancien administrateur, disposant du p o u v o i r à sa manière , dressèrent, c o m m e lui, de nombreuses listes de proscription dans lesquelles furent compris plus de neuf cents individuschaque prescripteur choisissait ses victimes. Cent trente de ces infortunés , déportés au Havre , périrent, la plupart, de misère et de désespoir, dans les limites qu'on leur assigna. L'épouvante était dans toutes les aines et n'avait pas été si générale en 1793 et 1795 ; chacun cherchait à fuir cette terre désolée ; et les îles neutres s'empressèrent d'offrir un asile aux familles de la Guadeloupe qui s'y réfugiaient. Les rapports firent monter à cinq cents personnes celles qui se sauvèrent dans l'île Danoise de SaintT h o m a s , et à quatre cents celles qui passèrent à Saint-Barthélemy , sans compter les individus qui se retirèrent aux Etats-Unis. Beaucoup d'autres furent assez heureux pour se racheter des persécu-


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