Les Antilles Françaises, particulièrement la Guadeloupe. Tome III. Partie 1

Page 45

(39) lutionnaires. Les blancs, les gens de couleur et les noirs furent indistinctement rangés sous sa d o m i nation, et les infractions furent punies sans différence de couleur et de condition. T o u t tremblait sous la même loi ; la mise en surveillance de tous les

parens d'émigrés, les commissions militaires,

le

fatal instrument q u ' o n traînait dans tous les quar-

tiers , frappant et menaçant toutes les têtes qui auraient voulu s'élever, flétrirent, glacèrent tous les c œ u r s , et firent rentrer dans la foule c e qui aurait p u tendre à s'en détacher. Ce despotisme n'était point fardé par les qualités séduisantes d'un Pisistrate; un cynisme dégoûtant en accroissait l'horreur. La Guadeloupe n'offrit plus l'aspect

d'une

colonie française; elle devint une sorte de puissance, isolée au milieu des m e r s , ne conservant le n o m français que pour le faire redouter. T o u t e distinction fut proscrite parmi ses habitans, et tous furent appelés à la défense de l'intégrité de son territoire. Une armée de près de dix mille soldats exercés et aguéris , ôta aux Anglais jusqu'à l'idée d'une invasion. Les côtes furent hérissées de batteries, bien armées et bien défendues, qui assurèrent le c a b o tage, en dépit des menaces impuissantes de l'ennemi perché sur les rochers des Saintes. D e n o m b r e u x corsaires, bravant les quarante vaisseaux, frégates cl corvettes britanniques qui les poursuivaient dans toutes ces mers, désolèrent le commerce anglais,

An III

(1794)


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.