Les Antilles Françaises, particulièrement la Guadeloupe. Tome I

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( 51 ) population des Antilles, et qui est très-curieuse par ses propriétés. Elle est campaniforme, et il y en a de plusieurs espèces, violettes, grises, blanches, vertes ; sa tige garnie de bourgeons très-rapprochés, s'élève à la hauteur de cinq à six pieds ; on peut en fa,ire des plantations en toute saison. On prend sur la tige de petites billes de trois ou quatre nœuds que l'on couche par couple dans des fosses d'un pied carré sur six pouces de profondeur , et que l'on recouvre d'une légère couche de terre. Ces billes poussent des touffes de nouvelles tiges, et forment des groupes de racines plus ou moins grosses, que l'on extirpe au bout de 8 à 12 mois. Ces racines ratissées de manière qu'il ne leur reste plus de p e a u , gragées ou râpées sur des râpes à gros g r a i n s , et bien pressées dans des sacs de grosse t o i l e , rendent un suc tellement froid, qu'il empoisonne subitement. On a soin de faire cette pression, qui dure 24 heures, dans des endroits bien c l o s , car l'expérience a prouvé que les animaux domestiques, très-avides de cette liqueur, périssent aussitôt après en avoir bu. Purgée de sa liqueur mortelle, la racine, réduite en grosse farine, est séchée sur une platine de fer, chauffée par dessous, et devient la nourriture habituelle du nègre et de beaucoup de créoles, qui la préfèrent au pain. Elle porte le nom de cassave, et dans beaucoup d'établissemens, surtout chez les Espagnols, au lieu de la manger en farine, on en fait des

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