Les Antilles Françaises, particulièrement la Guadeloupe. Tome I

Page 338

( 314 ) factures à café ou à coton ; ce qui donne lieu d'observer que les sucreries absorbent les petites cultures du café et du coton, et s'opposent aux progrès de la population. pour laquelle les gouverneurs et les intendans recevaient autrefois l'ordre d'attirer les petits habitons, qui font la force des colonies, et de les soutenir contre l'empiétement des grands et des puissans. E n Europe, la division des grandes propriétés est un bienfait, car les terres sont mieux cultivées et produisent plus entre les mains d'un grand nombre de petits cultivateurs qu'entre celles d'un petit nombre de grands propriétaires qui les louent à des fermiers négligens ou qui ont à craindre qu'une augmentation de bail ne suive l'augmentation des produits. Mais dans les colonies cette subdivision multiplierait les frais sans augmenter la somme des produits ; elle est d'ailleurs impossible, à cause des avances considérables qu'exige l'exploitation de la canne à sucre, avances qui sont hors de la portée des petits habitans. Aussi on y a de tout temps maintenu l'indivis des grands établissemens, ce qui favorise les vues des grands et des puissans, sans faire porter cette mesure sur les établissemens à café et à coton, dont les propriétaires n'ayant que de très-petites ressources, et, venant à être obérés par les révolutions du climat ou les événemens de la guerre, sont forcés à vendre successivement tous leurs nègres aux habitans sucriers.


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.