Les Antilles Françaises, particulièrement la Guadeloupe. Tome I

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(156) Ils ont construit, sur ces côtes, de vastes établissemens destinés à recevoir les nègres qu'il leur plaît d'appeler libérés ; ce sont ceux qu'ils saisissent en mer sur les bâtimens des autres nations, et qu'ils conduisent d'abord à Sainte-Marie ou à SierraLeone. Ils choisissent les mieux constitués, et, sous prétexte de recruter leurs régimens noirs des Antilles, ils les expédient pour leurs î l e s , où ils les attachent à la culture comme esclaves. Les autres sont dirigés sur leurs nouvelles colonies africaines, où sous le titre dérisoire de libérés, ces nègres, qui appartiennent à des parties de l'Afrique très-éloignées, sont employés, comme esclaves, aux constructions, à l'exploitation et aux défrichemens qui avancent rapidement. Déjà tous les environs de Sainte-Marie sont couverts de belles plantations d'indigo ; Sierra-Leone et les bords de la Gambie produisent plus de riz qu'il n'en faut à la consommation des Antilles anglaises, et ces récoltes sont le fruit du travail forcé de ces nègres libérés, dont le nombre s'est tellement accru, qu'il est difficile de ne pas croire q u e , sous pavillon étranger, les Anglais eux-mêmes en font la traite sur les côtes de Guinée et du Congo, pour se ménager le mérite et l'avantage exclusif de les libérer à volonté ( I ) . C'est ainsi que se réalise l'abolition de la t r a i t e ,

(I) Mémoires authentiques, communiqués.


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