Les Antilles Françaises, particulièrement la Guadeloupe. Tome I

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(132) priétaire de suppléer à ces conditions, en accordant à leurs nègres la journée du samedi pour travailler à leur compte; d'autres leur accordaient jusqu'à deux jours par semaine, pour se dispenser tout-à-fait de les nourrir; et l'on voyait ces malheureux, errant pour se procurer des alimens, devenir voleurs ou vagabonds. Un Européen ne peut pas se faire à l'idée que de pauvres serviteurs, qui ont consacré cinq ou six jours de la semaine au service de leurs maîtres, soient congédiés le sixième ou le septième sans paie et sans nourriture, pour aller chercher à manger. Quelques colons, guidés par une aveugle avarice, achètent pour leurs ateliers de la morue ou d'autres aliment gâtés qu'ils ont à bon compte, sans calculer le mal que leur fait cette nourriture insalubre. Si l'on joint à ces causes, l'influence du climat qui, hâtant le développement des germes, et rendant leur croissance prématurée, en accélère la destruction; le mal de mâchoire et le tetanos, que produit chez les enfans la fumée et l'air frais du matin ; l'humidité des chétives cases à nègres, qui rarement sont pavées ouplancheyées, et toujours mal jointes, mal fermées ; l'on ne sera plus surpris de ce que l'équilibre entre la destruction et la reproduction soit sans cesse rompu. On a calculé que la vie laborieuse des nègres n'était que de quinze a n s , et que leur population diminuait, tous les a n s , en temps ordinaire, du quinzième. Cependant l'homme, quelque soit sa couleur, est


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