Annuaire de la Martinique : année commune 1893

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potialion de leurs deniées pour l'étranger en cas de guerre, où de calamités. Sous la République et sous le premier Empire, la Martinique, tombée au pouvoir des Anglais, fut forcément privée de relations avec la France (sauf de 1802 à 1 8 0 9 ) et dut en entretenir avec l'Angleterre e t les Antilles anglaises. Les mêmes causes modifièrent pareillement les rapports de la plupart des autres colonies avec la métropole. Lorsqu'elles nous furent rendues en 1814 et en 1 8 1 5 , le gouvernement dut tenir compte de cet état de choses. Le principe du pacte colonial fut de nouveau proclamé, mais avec de nombreux tempéraments qui en adoucirent la r i gueur-. Enfin', un fait plus important que des habitudes prises pendant les guerres et les troubles de la Révolution ou pendant l'occupation anglaise, vint précipiter la ruine du système restrictif de la liberté des échanges. Tant que le sucre était demeuré un produit exclusivement C o l o n i a l , les avantages qu'assurait aux colonies le placement certain d e leur principale denrée sur le marché de la métropole, avaient compensé les inconvénients du pacte qui enchaînait leur liberté. Mais vers la fin du premier Empire, en 1811 , une industrie rivale, la fabrication du sucre de betterave, avail commencé â s'établir e n France et dans plusieurs autres contrées de l'Europe; elle ne tarda pas à prendre un développement considérable. Les lois d u 28 a v r i l 1 8 1 6 , d u 7 juin 1 8 2 0 , du 27 juillet 1 8 2 2 et d'autres lois postérieures protégèrent, il est vrai, le sucre c o l o nial contre le sucre étranger, en frappant ce dernier d'une forte surtaxe à son entrée d a n s les ports métropolitains-, mais ces mesures ne purent empêcher l'effet de la concurrence redoutable du sucre de betterave. La loi d e s sucres de 1832 fut Une calamité pour les colonies; c e l l e d e 1 8 3 7 excita encore d'énergiques réclamations, même a u Sein d u commerce maritime. Elle avait été précédée d'une déclaration du conseil des délégués des colonies aux ministres d e la mariné e t d e s colonies, des finances et du commerce, faisant connaître « qu'à défaut du maintien intégral du contrat commer« cial qui existait e n t r e la France et ses colonies (c'est-à-dire « à défaut de l'égalité complète d e la production coloniale e t de « la production indigène d a n s la législation des sucres), les « colonies

étaient

obligées

de réclamer

la dissolution

du pacte

».

Néanmoins, la surtaxe sur les sucres étrangers, réduite à 3 francs polir 100 kilogrammes en 1860 (loi du 23 mai), fut elle même


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