Annuaire de la Martinique : année commune 1893

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détermina le gouvernement à y élever des fortifications qui donliassent le temps de recevoir des secours de la métropole. C'est dans ce but que fut c o m m e n c é e , vers 1 7 6 3 , la construction du fort B o u r b o n , aujourd'hui fort Desaix; le fort Boyal ou SaintLouis était absolument insuffisant pour défendre la ville de Fortde-France à laquelle il avait primitivement donné son nom , et où le comte de Blénac avait, transporté, en 1 6 9 2 , le siège du gouvernement. Le fort B o u r b o n , situé sur le morne Garnier, à 1 , 2 0 0 mètres de F o r t - d e - F r a n c e , coûta, d i t - o n , près de 10 millions. A la suite du traité de Paris, la colonie jouit d'un long calme qui permit aux cultures et au commerce de refleurir sous le règne de Louis X V I . La guerre de l'indépendance américaine elle-même,, loin de lui apporter les maux q u e lui avaient causés les guerres précédentes, lui rendit au contraire une partie du lustre et de l'importance qu'elle avait perdus. La baie de Fort-de-France devint, en 1 7 7 8 , le centre des opérations maritimes des flottes françaises, et la Martinique participa ainsi à la gloire des armes de la métropole sans avoir à souffrir des calamités de la guerre. La paix glorieuse de 1 7 8 3 (traité do Versailles) donna un n o u vel essor à sa prospérité. Telle était la situation de la colonie lorsqu'éclata la R é v o l u tion de 1 7 8 9 . Ce grand mouvement social, qui renouvela toutes les institutions de la F r a n c e , apporta également de profondes modifications dans la constitution coloniale. En 1 7 9 2 , le 2 8 mars, l'Assemblée législative décréta que les hommes de couleur et nègres libres jouiraient de tous les droits politiques, et le 3 j u i n , l'assemblée coloniale déclara s'approprier ce principe comme base de la constitution locale. Puis, le 4 février 1 7 9 4 , la C o n vention nationale vola par acclamation l'abolition de l'esclavage dans toutes les colonies françaises. Mais la Martinique ne put jouir de ces institutions nouvelles. La rivalité des habitants et des commerçants, des campagnes et des villes, qui se disputaient la prépondérance au sein de l'assemblée coloniale avait, depuis 1 7 9 0 , allumé la guerre civile dans la colonie ( 1 ) ; le commerce avait été interrompu, les c u | (I) Pars celle guerre figura Coquille Dugonimier qui se rendit plus tard si célèbre connue général au service de la République. Il était alors propriétaire d'aile sucrerie aux Trois-Rivières (Guadeloupe), d'où il partit avec de Clugny, gouverneur de cette colorie, pour se rendre à l'appel des patriotes de SaintPierre. Il prit une part assez active au mouvement dont nous parlons. Né en 1736, à la liasse-Terre (Gualeloupe), Coquille Dugommier fut tué, en


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