Annuaire de la Martinique : année commune 1893

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— XLI — qu'elle étail beaucoup plus dure. A l'expiration des trois années, les engagés recevaient des concessions gratuites de terres, dont l'étendue (réduite plus tard à moitié) était dans le principe de 1 , 0 0 0 pas de longueur sur 2 0 0 de largeur (environ 2 5 bectares). L'introduction de noirs d'Afrique à la Martinique par le m o y é s de la traite avait suivi de près l'occupation de l'ile. Longtemps, l'engagé français et le noir d'Afrique travaillèrent côte à côte aux mêmes cultures, furent soumis aux mêmes fatigues, arrosèrent les mêmes champs de leurs sueurs. En 1 7 3 8 , on cessa de faire venir des engagés d'Europe ; la population esclave de la colonie s'élevait alors à 5 8 , 0 0 0 noirs de tout âge. Les colons s'étaient d'abord occupés uniquement de la culture du tabac et du coton. Bientôt ils y avaient joint celle du ronron et de l'indigo. La culture de la canne à sucre, importée à la Martinique par des Hollandais chassés du Brésil, ne commença que vers l'an 1 6 5 4 . La compagnie avait bien, en 1 6 3 9 , e n v o y é dans la colonie un nommé Trésel pour y former des fabriques de s u c r e ; mais c e projet ne fut point suivi d'exécution. La culture du cacaoyer, entreprise vers 1 6 6 0 , ne prit quelque déve loppement qu'à partir de 1 6 8 4 , mais le tremblement de terre de 1 7 2 7 , qui détruisit presque toutes les plantations, la fil abandonner; la culture du caféier la remplaça. On ne peut oublier ici le nom de Desclieux (1), au dévouement duquel on doit l'introduction, en 1 7 2 3 , du premier plant de cet arbuste précieux. Les colons eurent plus d'une fois à défendre contre les ennemis de la France ces cultures naissantes. La guerre de 1 6 6 5 , qui se termina par le traité de Bréda (31 juillet 1 6 6 7 ) , fut pour les Anglais, qui convoitaient nos possessions de la mer des Antilles, une occasion d'attaquer la Martinique. Ils tentèrent même plusieurs débarquements, mais toujours sans s u c c è s ; quoique livrés par l'incurie de la compagnie à leurs propres forces, le courage des habitants sut faire face au danger. Une première fois, en 1 6 6 6 , lord W i l l o u g b b y , gouverneur de la Barbarie, essaya de débarquer à la Grand'Anse du Carbet : il fut repoussé. (1) Un arrêté des capitaine généra 1 et préfet colonial, en date du 30 pluviôse an xi, décida (art. 7) qu'un monument serait élevé à Saint- Pierre, prés de la salle de spectacle, à la mémoire de Desclieux « qui, le premier, porta des plants de « café à la Martinique, et fit à la conservation de ce dépôt précieux le sacrifice de « sa ration d'eau ,dont il les arrosa chaque jour pendant la traversée » . Cette partie de l'arrété ne parait pas avoir été mise à exécution .


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