L'agriculture à la Guadeloupe

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être commencées à la fois; quelles dépenses elles exigeraient; si elles pouvaient être entièrement livrées aux soins des particuliers, et dans quelles mesures le gouvernement devrait prendre sa part. La question de la fabrication des sucres fut l'objet de longues délibérations, après lesquelles la commission indiqua les procédés suivants : 1° La défécation du vesou doit être continue, successive et faite par parties considérables. 2e Cette défécation doit se faire dans une chaudière à bec ou à bascule, ne contenant seulement que six gallons de liquide, qui sont, au bout d'une minute, remplacés par une quantité pareille. 3° Le vesou doit être reçu ensuite dans un vaste rafraîchissoir, d'où il est tiré par une pompe, pour être conduit à l'évaporatoire. 4° La liqueur, ayant été amenée dans cette machine à 28 ou 32 degrés de l'aréomètre, doit passer dans un réservoir pour y être soumise à l'action du charbon animal ou végétal qui la décolore. 5° La séparation du charbon doit être faite dans des filtres dont la construction et l'emploi présentent des difficultés qu'il convient d'examiner ultérieurement. 6° L e vesou, étant clarifié et décoloré, et n'ayant plus que 2 0 ou 22 d e grés pour arriver au point de cuite convenable, doit être conduit finalement dans une chaudière, où il parvient à son dernier état. Cette suite d'opérations et leur ordre ont laissé entrevoir la possibilité de les partager en deux séries exécutées successivement, ce qui permettrait de faire du sucre avec un petit nombre de nègres, qui seraient employés tous ensemble à chacune, l'une après l'autre. La commission déclara que l'emploi du charbon animal pour la clarification du sucre était une des plus heureuses découvertes de la science. L'addition du noir animal dépend de la qualité du sucre mis en clarification ; s'il est fort chargé de mélasse ou de principes visqueux, il faut au moins 5 livres de charbon animal pour 100 livres table de sucre b r u t , avec du bon sucre corsé de 3 à 4 livres. La propriété du charbon animal est de décolorer les sirops et de rendre plus blancs les sucres qui en proviennent, de leur donner plus de poids et de rapprocher les cristaux, en les multipliant. La Guadeloupe et la Martinique possédaient un ennemi terrible qui faisait de grands ravages dans les plantations, le rat, qui, importé d'Europe par les navires venant aux îles, ne tarda pas à pulluler d'une manière formidable et devint l'affliction commune, suivant l'expression du Père Dutertre. Ce rongeur faisait un mal considérable dans le pays, car il attaquait tous les fruits de la terre et les détruisait parfois presque totalement. Les chats, autre importation européenne, ne remplissaient pas leur mission : ils aimaient mieux les perdrix, les tourterelles, les grives et autres


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