L'agriculture à la Guadeloupe

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-80 — principes humains de la révolution s'étaient répandus et préparaient la fin des haines nationales. Ce blocus continental, que des esprits superficiels reprochaient à l'Empereur, comme un crime contre la raison, en forçant les peuples à concentrer sur leur territoire leur activité commerciale et industrielle, préparait les magnifiques progrès de la chimie, le développement prodigieux de l'industrie, dont on voit aujourd'hui les merveilleuses applications. La France surtout, enveloppée par toutes les flottes de l'Angleterre, ne recevant que très-difficilement, par la voie de terre, les denrées exotiques qu'elle payait cher, avait concentré à l'intérieur son mouvement économique. Le sucre manquait ; les savants recherchèrent les matières qui pouvaient donner ce produit précieux, indispensable, et ils le trouvèrent dans la betterave, qui fut cultivée sur une large échelle. Un chimiste de Berlin, Margraff, avait reconnu en 1817 que celte chénopodée fournissait un sucre identique à celui de la canne. Frédéric-Charles Achard, né en 1754 d'un père que la révocation de. l'édit de Nantes avait chassé de F r a n c e , découvrit le procédé de fabrication de ce sucre. En 1 8 1 1 , Deyeux et Cadet de Vaux sollicitèrent des encouragements en faveur des agriculteurs et des industriels qui s'occuperaient de celte industrie. Le 15 janvier 1812, un décret impérial régla la fabrication du sucre de betterave. Des fabriques, créées dans plusieurs localités, servirent d'écoles spéciales de chimie pour la fabrication du sucre de betterave. Cent élèves pris parmi les étudiants en pharmacie, en médecine, en chimie, étaient attachés à ces établissements et recevaient chacun une indemnité de 1,000 fr. S'ils suivaient l'ecole pendant plus de huit mois, ils obtenaient un certificat constatant qu'ils connaissaient parfaitement les procédés de fabrication et étaient capables de diriger une fabrique. Le ministre de l'intérieur devait prendre les mesures nécessaires pour l'ensemencement de 1 0 0 , 0 0 0 arpents métriques de betteraves dans tout l'empire. Il était accordé 500 licences par fabrication, 12 à tous propriétaires de fabrique ou de raffinerie, 2 à tous fabricants de sucre en 1 8 1 1 . Chaque département devait avoir une fabrique. Les licences devaient porter obligation de faire 1 0 , 0 0 0 kilogrammes de sucre brut provenant de la récolte de 1812 à 1 8 1 3 , avec exemption des droits d'octroi et d'imposition quelconque pendant quatre ans. Tout perfectionnement donnait droit à une licence pour un plus long terme et sans imposition ni octroi. Le ministre de l'intérieur avait ordre d'établir quatre fabriques


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