L'agriculture à la Guadeloupe

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Blancs Libres Esclaves Totaux

1790

1802

1803

1804

13,969 3,125 92,545

11,960 14,610 87,156

12,174 14,912 88,205

11,288 6,705 91,912

109,639

113,726

115,291

112,905

Un arrêté du 9 septembre 1802 décida que tous les hommes de couleur anciennement libres étaient tenus de présenter leurs titres et patentes, et ceux qui, dans le délai de trois mois, n'avaient pas rempli ces formalités étaient réputés vagabonds et vendus au profit du Trésor public. Les colons furent très-mécontents de cet arrêté, dirigé surtout contre leur bourse. Les plus aisés payèrent les 1,200 fr. destinés à assurer la liberté de serviteurs fidèles qui rentraient avec eux de l'exil ; d'autres, trop pauvres, les portèrent comme esclaves et leur donnèrent la liberté dite de savane. Tous les autres furent indignement vendus, et 8,207 libres perdirent ainsi leur liberté. Le C mai 1803 fut publié un arrêté de la police rurale dans lequel on déclarait que l'agriculture est la base la plus solide de la prospérité de l'État et le meilleur fondement du commerce ; que, depuis 1789, l'agriculture a subi dans les colonies des variations de systèmes; convaincus que des abus multipliés ont pris la place d'un ordre légal, que la ruine des propriétaires et la misère des noirs en ont été le résultat; désirant conserver tout ce que l'ancien ordre colonial avait de bon et d'utile, assurer des garanties pour tous et augmenter les revenus et la population, encourager les bons, c o m primer les méchants et assurer de plus en plus la tranquillité, diverses m e sures dans les détails desquels il serait trop long d'entrer furent prises. Les noirs se remirent, sans m u r m u r e r , à creuser les sillons de la terre féconde ; maîtres et esclaves avaient été les victimes de la tourmente révolutionnaire. Une commune infortune les rapprochait plus intimement. Les premiers, depuis tant calomniés, n'avaient rien à se reprocher , quant à la situation des seconds, ils se trouvaient heureux d'avoir des maîtres bons, humains, les soignant dans leurs maladies, leur laissant la faculté, par leur travail, d'acquérir pour la satisfaction de leur bien-être, de leurs passions, des pécules relativement considérables. Le plus bel éloge que l'on puisse faire des habitants, c'est que la servitude fut rétablie sans protestation. La tyrannie révolutionnaire avait été si atroce pour les noirs, que l'esclavage, sous des maîtres dont la bonté a toujours été célèbre, leur parut une délivrance.


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