L'agriculture à la Guadeloupe

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— 72 — Elles doivent être à jamais détruites. Les cultivateurs ne sont point propriétaires; mais ils doivent fertiliser les campagnes et être payés de leurs travaux. » Un réglement sévère fut fait, et il eut pour sanction des peines disciplinaires graves, même la peine du fouet, qui avait été républicanisée. Le fouet, à manche très-petit et à lanière très-longue en corde, était entouré de rubans tricolores, désigné sous le nom de fouet national ou la loi. C'était assez drôle ! Les cultivateurs résistèrent ; ils abandonnèrent les habitations et s'enrôlèrent sur les corsaires. Un arrêté déclara vagabond tout cultivateur trouvé sur u n navire corsaire, édicta une amende de 780 fr. contre le consignataire ou l'armateur, la destitution du capitaine, puni, en outre, de six mois de détention. Traqués de toutes parts, les cultivateurs eurent recours au marronnage, ou bien ils se retirèrent chez des individus qui les recélaient. Des peines sévères furent établies contre ces derniers. Il ne resta plus que le marronnage, qui prit une extension considérable, et les bois de la Goyave reçurent une nouvelle population. Des champs furent cultivés, des cases élevées, de nombreuses déprédations commises sur les habitations. La force armée marcha contre ces déserteurs, dont les cases furent brûlées, les plantations ravagées, et tous ceux qui ne périrent pas dans la lutte furent reconduits dans les habitations. Les noirs, ainsi réduits par la République à un esclavage plus odieux que l'ancien, se courbèrent sous ce joug effroyable et donnèrent enfin un travail plus régulier. Desfourneaux s'occupa alors sérieusement de l'administration des biens confisqués, et il prit plusieurs mesures destinées à r a m e n e r le calme dans les esprits. Les séquestres étaient généralement des noirs illettrés ; on ne pouvait donc guère établir une comptabilité régulière, et les abus continuèrent. Pour les faire cesser, on prononça l'abolition de l'ancienne régie des biens nationaux, et on décida que toutes les habitations domaniales seraient adjugées aux enchères par bail de cinq ans. Les fermiers devaient fournir caution, e n t r e tenir la propriété et la remettre, à la fin du bad, dans l'état où ils l'avaient reçue, sans pouvoir changer le mode de culture. Les cultivateurs, jouissant d'une part, déduction faite des jours de maladie ou d'absence, recevaient par jour 28 centimes 3/5. La situation s'était cependant améliorée, et Desfourneaux le constata dans un tableau de la situation de la colonie. Le Trésor avait à sa disposition plus d'un million ; le baril de bœuf, qui se vendait 264 livres, ne valait plus que 126 livres ; le sucre blanc, qui était à peine coté 4 0 livres brut, était tenu de 80 à 90 livres; le café était monté de 17 sous la livre à 3 2 , etc., etc.


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