L'agriculture à la Guadeloupe

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— 67 — loupe une valeur de 15,862,332 fr. Les denrées exportées donnaient les chiffres suivants : sucre terré, 1 2 , 1 0 8 , 1 0 0 livres; b r u t , 6 2 8 , 9 0 0 ; café, 7 , 1 2 6 , 0 5 0 ; cacao, 3 0 , 5 0 0 ; coton, 2 4 8 , 6 5 0 ; r h u m et tafia, 428 gallons; sirop, 1 , 7 6 6 ; canéfice, 600 livres. Conquise par les Anglais le 20 avril 1 7 9 3 , la Guadeloupe vit revenir les planteurs exilés et put jouir d'une complète tranquillité ; mais ce n'était qu'une accalmie au milieu de l'ouragan révolutionnaire. Elle fut reprise en 1 7 9 4 par Victor Hugues, qui accomplit un des plus beaux faits d'armes de l'époque et proclama l'abolition de l'esclavage, décidée, le 4 avril p r é cédent, par la Convention, dans un moment d'enthousiasme. La Guadeloupe, dirigée par la main lons hachés par la guillotine ou forcés pagnes n'offraient plus qu'une vaste ruines, et sur les cafétères on récoltait cupait de leur production.

implacable de Hugues, voyait les code quitter la terre natale. Les c a m jachère ; les sucreries tombaient en les fruits, parce que la nature s oc-

Hugues avait supprimé toutes les institutions qui sont le fondement de toute société : la justice avait été abolie et les biens des planteurs mis sous la main de la République. Hugues était la loi vivante de la colonie, et, la fièvre révolutionnaire passée, il essaya d'obliger les noirs à travailler. Alors commença une lutte dans laquelle il fut vaincu. Les noirs s'imaginèrent que, pour jouir de la liberté, ils ne devaient s'assujettir à aucun travail, n'être soumis au frein d'aucune loi; les uns se firent soldats ou m a t e l o t s ; les autres, par la volonté du maître sanguinaire qui gouvernait la Guadeloupe, restèrent attachés sur les habitations où ils avaient été esclaves, et toutes les distinctions qui différenciaient auparavant les classes étaient maintenues. Les affranchis ne travaillaient pas, vivaient de rapines et pillaient les vivres des habitants. La proclamation du 13 juin 1794 plaçait les maraudeurs sous le régime des lois et les punissait de mort, s'ils prenaient les vivres par m a l veillance. Les noirs se réunirent alors et formèrent des attroupements séditieux qui compromirent la tranquillité publique. Nouvelle proclamation ordonnant à tous ceux qui ne faisaient point partie de la force armée de se retirer sur leurs anciennes propriétés, pour y planter des patates, ignames et autres racines, sous peine d'être livrés à la rigueur des lois, comme traîtres à la patrie. Les vieillards, les femmes et les enfants obéirent, mais ne se livrèrent à aucun travail sérieux ; les valides, ne voulant pas se déshonorer en remuant la terre de leurs mains libres, partirent marrons et se réfugièrent dans les bois, d'où ils dévastèrent les habitations pendant la nuit, tout en poussant ceux qui étaient encore sur les propriétés à les abandonner. Ils osèrent même braver, pendant le jour, celui sous la main duquel tout tremblait dans les colonies. Ils maltraitèrent et égorgèrent plusieurs habitants. Voilà tou-


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