L'agriculture à la Guadeloupe

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— 61 — En Afrique, il existait deux sortes d'esclaves : ceux qui l'étaient de n a i s sance et ceux qui, étant libres, devenaient esclaves. Les premiers étaient beaucoup plus nombreux et provenaient presque tous des prisonniers de guerre. Les hommes libres, bien montés et bien armés, tombaient rarement aux mains de l'ennemi ; ils pouvaient, en tout cas, payer u n e rançon égale à la valeur de deux esclaves. Tout h o m m e libre qui, à la guerre, placé sous le couteau de son adversaire, demandait la vie, renonçait à sa liberté. Dans les temps de disette, les hommes libres qui ne pouvaient plus subvenir à leur nourriture se vendaient à ceux qui pouvaient les nourrir ou vendaient leurs enfants. Tout débiteur insolvable se vendait à son créancier pour éteindre sa dette, ou était rendu esclave par ce dernier à l'expiration du terme accordé. Le meurtre, l'adultère, la sorcellerie étaient les crimes qui faisaient perdre la liberté aux hommes libres ; mais ces crimes étaient rares. Dans le premier cas, le plus proche parent de la personne assassinée avait le droit de tuer le m e u r t r i e r , après la preuve de la culpabilité, ou de le vendre comme un esclave. Dans le second cas, la personne offensée réduisait l'offenseur en esclavage ou lui faisait payer une rançon arbitrairement fixée. On appelait sorciers les empoisonneurs qui attentaient à la vie ou à la santé des autres. Les coupables convaincus de ces crimes étaient déclarés esclaves, Les maîtres africains ne devaient à leurs esclaves que la nourriture et le vêlement. Les esclaves étaient traités plus ou moins sévèrement; mais les domestiques nés au service du maître étaient traités avec plus de douceur que ceux qui étaient achetés ; ces derniers ou ceux conquis à la guerre étaient absolument livrés à la discrétion du maître : on les vendait dans des espèces de foires, et le prix haussait en raison de l'éloignement de la terre natale, car ils éprouvaient alors plus de difficultés pour s'échapper. Tous les esclaves acquis avaient la conviction que les Européens ne les achetaient que pour les manger ou les revendre à d'autres peuples antropophages. La frayeur qui les possédait quand ils se rendaient au bord de la mer était très-vive ; elle ne taisait qu'augmenter quand on les entassait dans les navires négriers, mais elle se dissipait bien vite aux colonies, où ils étaient touchés du traitement bienveillant dont ils étaient l'objet. A la Guadeloupe, ils vivaient sous un climat doux et tempéré ; leurs besoins étaient largement satisfaits ; ils buvaient des eaux limpides et s'y baignaient avec délices ; leurs maladies étaient traitées avec soin, et les travaux qu'ils faisaient n'étaient pas excessifs. Les châtiments infligés aux esclaves n'étaient pas en général sévères. Les Français, nouvellement débarqués, se révoltaient surtout contre celui du fouet, qui n'a cessé cependant d'être aboli en France, dans la marine militaire, qu'en 1 8 4 8 . Mais il était devenu de mode, depuis 1789, d'attaquer


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