L'agriculture à la Guadeloupe

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— 57 — droits de 2 0 livres par tête de nègre introduit aux colonies, et de 3 livres par tonne de marchandises vendues en Afrique. En 1 7 2 0 , les compagnies du Sénégal et de la Martinique furent réunies à la compagnie des Indes-Orientales, à laquelle le privilége de la traite fut c o n féré; on lui accorda, en outre, des primes assez importantes. La compagnie, pensant qu'elle ne pourrait fournir le nombre de noirs n é cessaires aux colonies, permit à tous les négociants du royaume de faire le commerce des nègres, moyennant un droit d'une pistole par tête de nègre introduit. Le commerce de la traite des noirs fut ainsi très-excité; mais il ne prit sa plus large expansion que de 1750 à 1756, période pendant laquelle il fut affermé à Bocquillon. 723 navires introduisirent aux îles 2 0 3 , 5 2 2 esclaves, vendus 2 1 0 , 9 4 4 , 3 0 6 1., de 1728 à 1 7 6 0 . Sur cette quantité, Bocquillon importa 7 3 , 2 2 2 nègres sur 2 6 3 navires, soit une moyenne annuelle de 4 4 navires et 12,204 nègres par an. Pendant ce temps, Bocquillon transporta en France 3 2 7 , 7 5 0 quintaux de sucres terrés et 5 0 5 , 3 8 3 quintaux de sucres bruts. Ces sucres formaient les trois quarts des marchandises composant les retours de la traite ; l'autre quart provenait des sucres blancs raffinés et du tabac, qui ne jouissaient d'aucune modération de droits ; de coton, qui n'en payait aucun ; d'indigo, dont le droit d'entrée s'élevait à 3 1/2 pour 1 0 0 ; de cuirs à poil, acquittant 5 pour 100 ; de casse et de gingembre, payant 4 pour 100 ; de cacao, dont le droit montait à 24 pour 100. Il restait à Bocquillon 22 livres par tête. Un arrêt du conseil d'État du 31 juillet 1767 rendit libre la traite des n è gres, sous condition de payer 10 livres par tête. Depuis 1 7 6 3 , le commerce français se laissa entraîner vers Saint-Domingue, et, de cette année à 1 7 7 8 , la traite française avait à peine suffi aux besoins de cette île magnifique. Les autres colonies eurent donc recours à la traite étrangère et venaient s'approvisionner à la Dominique, île devenue anglaise et déclarée port franc. La ville du Roseau était le marché aux nègres des îles du Vent. Le roi voulut ramener dans nos possessions la traite nationale ; il permit aux navires étrangers de venir dans certaines colonies et d'y introduire des nègres, en payant par chaque tête un droit de 100 livres, dont le produit devait être employé en primes sur les noirs provenant de la traite française introduits pendant le même espace de temps. A mesure que les esclaves d e venaient plus nombreux, les cultures progressant, provoquaient une plus grande extension de la richesse publique, qui s'étendait du maître à l'esclave. Les mœurs s'épuraient dans toutes les couches sociales ; les conditions de la vie prenaient plus de raffinement ; le luxe se montrait avec un grand éclat, et l'esclave qui voulait travailler pour son compte amassait un pécule assez considérable. Le luxe des esclaves, et particulièrement des domestiques des maisons, où


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