L'agriculture à la Guadeloupe

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— 43 — parée. Bien travaillé, ce sucre est blanc comme la neige et si transparent, que l'on voit l'ombre des doigts qui le touchent au plus épais du pain. Douze mille livres de sucre raffiné produisent cinq c e n t s , livres de sucre royal. Il coûte à faire, sans compter le travail, près de 21 sous la livre. 7° Sucre tapé. — Ce sucre n'est que du sucre terré râpé très-fin avant d'être en état d'être mis à l'étuve. Il est blanc, uni, pesant et assez lustré. 8° Sucre candi.— Le sucre terré, plus doux que le raffiné, est la base du sucre candi ; il est dissous dans de l'eau de chaux faible. On ne le retire du feu qu'après l'avoir converti en sirop épais, bien cuit, et on vide ce sirop dans des formes de divers modèles. Quelles sont les dépenses occasionnées par une sucrerie qui possède cent vingt nègres? La dépense d'un habitant est d'autant moins élevée qu'il aura planté beaucoup de manioc. Les frais en viande salée, toile, salaires du raffineur et du commandeur, etc., s'élèvent à 6,610 f r . ; les recettes sont de 4 4 , 6 4 0 fr. : il reste donc 3 8 , 0 3 0 fr. La législation accélère ou entrave le travail. Aussitôt que la culture de la canne a été introduite aux îles, le législateur est intervenu pour établir des droits sur ce nouveau produit, qui allait devenir une m i n e féconde de r i chesses pour les colonies et la métropole. Avant 1 6 6 4 , chaque cent pesant de sucre importé des colonies en France acquittait un droit de 8 livres ; ce droit fut réduit à 4 livres en 1 6 6 4 . Ce droit était excessif par rapport à la valeur du sucre, et il eut pour conséquence d'empêcher les habitants d'expédier cette marchandise en F r a n c e . Cette infraction au pacte colonial fit profiter les navigateurs étrangers du produit du travail des colonies.

Pour obvier à cet inconvénient, un a r r ê t du conseil des îles (7 mars 1666) réduisit le droit à 40 sols ; mais le tarif de 1767 le remonta à 4 livres. Cette décision fit le plus grand tort aux intérêts des colonies et de la métropole; en 1 6 7 0 , la taxe fut ramenée à 40 sols. Avec la production du sucre colonial s'établit en F r a n c e l'industrie du raffinage, dont l'intérêt spécial ne tarda pas à vouloir faire disparaître tout progrès aux îles. Elle se fit d'abord adjuger une prime de 6 fr. par chaque cent pesant de sucre raffiné exporté en pays étrangers. A la suite de réclamations vives et justes, cette prime fut réduite à 4 fr. en 1 6 7 1 . Plus tard, par suite de diverses combinaisons et d'une guerre sanglante, un arrêt du 24 mars 1675 rétablit le droit de 4 fr., fixé par le tarif de 1 6 6 4 . Il fut aussi décidé que les sucres raffinés aux îles ne paieraient, en sus de la taxe perçue déjà, qu'un droit de 40 sols par chaque cent pesant. L'industrie de la raffinerie, peu répandue aux colonies, prit dès ce j o u r une certaine extension. Les produits raffinés coloniaux faisaient une si dure concurrence à la m é -


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