L'agriculture à la Guadeloupe

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— 33 — renseigner des lois, décrets et arrêtés ministériels, qui furent pris de façon à régler convenablement toutes les opérations des banques établies dans les colonies de la Guadeloupe, la Martinique, la Réunion et la Guyane. En établissant ces banques, le gouvernement avait eu surtout pour but de venir en aide à l'agriculture, de chercher, de trouver le meilleur moyen de réaliser des prêts sur récoltes. C'est le capital du planteur et non celui du commerce qui doit seivir à former le capital de la banque coloniale. E s compter la signature du commerçant et ne pas escompter celle du planteur, ou n'escompter cette dernière qu'en le forçant de recourir à l'adjonction onéreuse de la p r e m i è r e , ce serait créer une situation qui manquerait d'équité. C'est là cependant ce qui se produit en France. Les prêts sur engagement de récoltes pendantes étaient toute la banque des colonies. On ne voulut pas créer des billets de 20 et de 5 fr., et il en résulta de graves inconvénients ; les hommes qui organisent ces sortes d'établissements ne sont pas toujours suffisamment pratiques : ils posent un principe g é néral absolu, sans se préoccuper des besoins du pays dans lequel ils se trouvent. La nouvelle banque de la Guadeloupe commença ses opérations en février 1 8 5 3 , et la banque des prêts fut liquidée ; cependant on maintint, jusqu'à nouvel ordre, dans la circulation les billets de 10 et de 5 fr., reconnus indispensables pour payer les salaires des ouvriers, et surtout des ouvriers agricoles. Dans un pays essentiellement agricole, la fortune publique roule sur la barrique de sucre et ses dérivés, sirops et tafias. Toutes les autres cultures sont très-secondaires, et leur extension, qui ne sera jamais très-considérable, ne peut être encouragée qu'à la condition d'être une ressource pour aider à passer les mauvais j o u r s , où le prix avili du sucre affecte sérieusement la fortune générale du pays. ML Ballet s'occupe longuement de la question monétaire, qui est, dit-il, une question capitale pour les colonies. Au commencement de toute colonisation, la monnaie, signe représentatif et gage des d e n r é e s , est très-rare. Cette rareté entrave les transactions. Il faut alors avoir recours à l'échange, mode primitif au moyen duquel le commerce a pu s'opérer; mais pour régler ce commerce, il est nécessaire d'établir un étalon régulateur. Aux îles, cet étalon fut d'abord la livre de petun ou tabac, puis la livre de sucre. Bientôt on sentit le besoin de posséder des monnaies pour régler les affaires et donner satisfaction aux besoins j o u r n a liers. L'argent ne tarda donc pas à paraître, mais en très-petite quantité. Pour obvier à cet inconvénient, on créa une monnaie spéciale qui n'était pas suffisante. Les Espagnols introduisirent bientôt des réaux, des piastres, des demi-piastres légères, n'ayant pas le poids légal, et il en résultait de grands bénéfices pour eux. Le commerce espagnol, d'abord défendu, puis toléré, 3


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