L'agriculture à la Guadeloupe

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— 28 — vage, obtinrent un peu de travail des nouveaux affranchis et firent revivre l'agriculture, qui ne recommença à prendre de l'importance qu'après le rétablissement de l'esclavage, en 1 8 0 2 . Les colons rentrèrent alors dans leurs foyers ; les habitations se t r o u vaient dans un état déplorable : une lutte atroce avait précédé le rétablissement de l'esclavage, et les noirs, dans leur furieux désespoir, avaient saccagé, pillé, brûlé beaucoup d'habitations. Il fallait donc tout rétablir dans son état normal, et d'immenses capitaux étaient nécessaires. La période révolutionnaire qui avait bouleversé la colonie n'avait rien changé à la constitution de la propriété, qui se trouvait toujours sous l'empire de la coutume de Paris et de l'édit de 1557 sur les criées. Le 4 juin 1 7 9 4 est la date de l'entrée de Victor Hugues à la Pointe-àP i t r e , et par conséquent de la reprise de la Grande-Terre sur les Anglais. Le 8 octobre suivant, la Grande-Terre tombait au pouvoir de l'envoyé de la Convention, et toute la Guadeloupe entrait sous la domination de la m é tropole. L'émigration date de ces deux époques. La colonie, rendue au calme, se remit courageusement au travail ; mais elle se ressentait toujours des maux de la guerre. Le Code civil fut rendu exécutoire le 9 novembre 1 8 0 5 , mais en écartant de ses dispositions toutes celles qui étaient contraires au régime colonial. Il existait beaucoup de dettes qui n'étaient pas toujours payées avec beaucoup de régularité : une ordonnance du 15 janvier 1811 établit la conservation des hypothèques. Une autre ordonnance établit un bureau de conciliation dans chaque paroisse, et se composa du commissaire civil, de deux notables, et toutes difficultés étaient soumises à ce bureau. Après les traités de 1815, la Guadeloupe, bien qu'elle ne se livrât plus, comme les autres colonies, qu'à la fabrication des sucres b r u t s , ne cessa d'élever annuellement sa production. En 1 8 1 7 , elle n'avait produit que 2 7 , 8 9 4 , 7 7 3 kilog. de sucre; en 1 8 2 3 , sa récolte s'élevait à 2 4 , 3 2 3 , 9 2 5 kil. La dette, qui en 1813 montait à 98 millions, était réduite en 1823 à 60 millions. La valeur de ses propriétés était de 250 millions. Tous les efforts de la Restauration tendirent à rendre les colonies prospères, pour faire reprendre à la France sa part légitime dans le commerce du monde et lui rendre sa grande influence dans les affaires de l'univers ; de grandes modifications furent faites pour suivre le courant du progrès et de la civilisation. Malheureusement, bien des choses furent remises en question en 1 8 4 8 , époque de l'établissement d'une nouvelle monarchie. La question de l'émancipation faisait des progrès, môme parmi les colons. Par décret du 27 avril, cet esclavage fut aboli, et la loi sur l'expropriation fut remise en vigueur. La terre et l'homme, dont les b r a s la fécondaient, étaient affranchis en même temps. On chercha à r a m e n e r la prospérité


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