L'agriculture à la Guadeloupe

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— 242 — anciens esclaves attachés au rocouyer désertèrent-ils ce travail et, par suite, les exportations ont été nulles en 1848 et 1849. . Pour obvier à cet inconvénient, on chercha à supprimer la macération, et on en vint parfaitement à bout, en employant un moulin qui broyait la graine après l'égrenage et faisait disparaître la macération. Les produits obtenus par ce nouveau système furent envoyés en France en 1850, et se vendirent aussi cher que ceux des meilleures marques de fabrique. La fabrication progressait donc, grâce à M. Perriolet, dont la m a r q u e prenait le premier rang, et il gagna ainsi une fortune assez ronde. Les graines passent trois à quatre fois dans les moulins, où elles forment une pâle très-fine; trois moulins donnent, en douze heures de travail, quatre barriques de pâle pesant 800 kilog. Celle pâle est mise en pains de 2 à 4 kilog., qu'on enveloppe de feuilles de séguine; puis elle est soumise, dans des barriques, à une forte pression, afin qu'il y entre la plus grande quantité de pâle possible. L'exemple de M. Perriolet fut suivi par plusieurs cultivateurs, car la m a r q u e de ce fabricant se vendait un cinquième de plus que les autres. Aussi plusieurs petits planteurs se sont-ils livrés à la culture du rocouyer ; ils portaient leurs graines aux propriétaires d'usines, et les vendaient à un prix représentant un tiers de celui auquel le rocou en pâte est coté en France. De 1850 à 1 8 5 5 , l'exportation du rocou s'est élevée de 2 0 , 5 0 0 à 5 0 , 0 0 0 kilog.; de 1856 à 1867, de 1 1 2 , 0 0 0 à 1 7 0 , 0 0 0 kilog.; de 1868 à 1876, de 2 6 0 , 0 0 0 à 6 7 6 , 0 0 0 kilog. De 1849 à 1854, le rocou a été payé 3 fr. le kilog.; de 1854 à 1856, le prix est resté le même, niais sans affaires. Les ventes ont recommencé en 1857 à 80 cent. le kilog., prix qui s'est maintenu jusqu'en 1 8 6 5 . L'ouragan du 2 septembre 1865 ayant détruit une grande partie des plantations, provoqua une diminution dans la production, et les prix se r e levèrent : 2 fr. le kilog. en 1 8 6 6 ; 4 fr. 50 et 5 fr. en 1868 ; 4 fr. 5 0 en 1869 et 1870. Les ventes ont cessé après la déclaration de g u e r r e , mais les cours sont restés nominalement de 4 à 5 fr. jusqu'en 1 8 7 1 , pour retomber à 1 fr. 50 vers le mois d'août de cette dernière année, et de 70 à 90 cent, en 1 8 7 7 . Cette baisse provenait de deux causes : 1° trop grande production qui a été, pour la Guadeloupe, de 7 0 0 , 0 0 0 kilog., alors que la consommation totale de la France n'arrivait pas à 5 0 0 , 0 0 0 kilog.; 2° découverte des p r o duits tinctoriaux extraits du goudron de houille, qui remplacent avantageusement le rocou, ne servant plus guère aujourd'hui qu'à passer certaines étoffes par une première préparation, avant de leur donner une couleur d é finitive. Cette baisse de prix se maintiendra probablement tant que la production


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