L'agriculture à la Guadeloupe

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— 237 — Il faut une terre vierge, condition essentielle de l'établissement de la plantation, car le cacaotier est un arbre excessivement délicat dans toutes ses parties, ne poussant qu'une seule racine assez petite et tendre, qui ne s'enfonce qu'à proportion de la facilité qu'elle trouve à pénétrer dans la terre et à s'y n o u r r i r . 11 est donc nécessaire que le sol soit profond, et dans lequel on ne trouve pas des bancs de rocher ou des amas de pierres à quatre, cinq ou six pieds de profondeur. Dès que la racine rencontre un sous-sol pierreux, elle se recourbe sur elle-même, cesse de profiter, et l'arbre dépérit à vue d'œil. La racine s'accommode cependant d'un sous-sol sablonneux ou composé de terre grasse, ou d'un terrain graveleux, bien qu'elle le perce avec peine. Le terrain doit être, en outre, frais et préférablement choisi dans les lieux bas, unis, voisins d'une rivière, coupés par quelques petits ruisseaux. 11 ne doit être ni trop étendu, ni trop resserré ; les arbres seraient étouffés dans ce dernier cas ou trop exposés aux grands vents dans le premier. Un terrain de 100 toises ou environ est suffisant, avec 200 pas en carré. Lorsque l e terrain a été ainsi choisi, on le laboure à la houe, aussi p r o fondément que possible, afin de permettre à la terre de recevoir également la pluie et les rosées, et d'être débarrassée de toutes racines ou souches d'arbrisseaux ou autres. On plante ordinairement en quinconce, à huit pieds de distance, dans tous les seus. Des habitants plantent de six en six pieds, d'autres de cinq en cinq, avec l'intention de couper les arbres devenus grands et de ne laisser que la moitié de la plantation. Les semailles ont lieu au dernier quartier de lune et par un temps pluvieux ou prêt à donner de la pluie. Les coques de cacao, en état d'être cueillies, sont prises à l'arbre, ouvertes et mises en t e r r e , trois graines dans chaque poquet, placées à environ trois pouces les unes des autres, et en les laissant couler dans un trou de trois à quatre pouces de profondeur, de manière à les mettre droites, le gros bout en bas ; on les recouvre légèrement de terre. Lorsque l'arbre a acquis la hauteur d'un pied et demi à deux pieds, on choisit le sujet le plus vigoureux pour le laisser en place, et on enlève les deux autres, qui servent à remplacer les sujets morts ou à être plantés dans d'autres lieux. Les habitants préfèrent ce mode de plantation aux pépinières, car l'expérience leur a démontré que les arbres plantés de cette façon ne réussissent pas bien, parce que la principale racine étant très-délicate, il était impossible, malgré tous les soins, de ne pas endommager l'arbre en le tirant de terre, et de le placer dans un autre endroit sans changer la situation ou la direction de quelques-unes de ses parties, ce qui suffit pour l'empêcher de reprendre et de produire un beau sujet. Les vides d'une cacaotière se remplissent en plantant sur place de n o u velles amandes.


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