L'agriculture à la Guadeloupe

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— 235 — semées en quinconce, à huit ou dix pieds de distance, et lèvent à la moindre pluie. Au bout d'un mois, on sarcle et on éclaircit, ne laissant que deux à trois tiges par souche. Quand l'arbre atteint quatre ou cinq pieds, on l'arrête, pour faire refluer la sève dans les branches latérales qui donnent plus de gousses, et qui sont aussi pincées quand elles donnent trop de verdeur. La récolte dure trois mois et se fait par un temps sec. Les ennemis du cotonnier sont nombreux. La graine est attaquée par les vers, les cloportes, divers scarabées qui en dévorent la substance attendrie p a r un commencement d'incubation. Les jeunes plantes sont attaquées par les criquets pendant la nuit, et leurs feuilles, pendant le j o u r , par les diablotins, espèce de hanneton. Les chenilles printanières remplacent les diablotins. A trois mois, les pieds qui ont échappé aux insectes ont une hauteur de vingt pouces. Deux ennemis redoutables se présentent alors : le maoka, ou ver blanc, et l'écrevisse, insecte qui naît d'une mouche. Cette mouche pique l'écorce, dépose un œuf d'où sort u n petit ver en spirale qui, en naissant, ronge la partie ligneuse du cotonnier et lui donne un aspect chancreux en cet endroit. Le cotonnier voit encore ses fleurs attaquées par des punaises vertes qui font avorter le fruit, ou bien il languit, affamé par des pucerons qui l'affaiblissent, le stérilisent et même le tuent. Lorsque la coque s'ouvre, les p u naises rouges ou noires viennent sucer les graines vertes et tendres qui, à moitié dévorées, tachent, en s'aplatissant sous les cylindres, le coton par les excréments huileux de ces insectes. Les chenilles du cotonnier naissent alors (noctua zylina) et, en vingt-quatre heures, le dépouillent de son feuillage. En 1 7 2 0 , on comptait 1,447,000 pieds de cotonniers; en 1730, 1 0 , 4 0 0 , 0 0 0 ; en 1 7 5 3 , 7 , 4 5 0 , 0 0 0 ; en 1772, 1 3 , 6 2 8 , 0 0 0 , et en 1 7 7 7 , 1 1 , 9 7 5 , 0 0 0 pieds. En 1 7 8 1 , il y avait 8,200 carrés plantés en cotonniers ; en 1804, 2 , 8 3 4 ; en 1 8 0 9 , 2 , 5 6 5 . Les exportations de 1775 ont atteint 5 1 9 , 3 7 5 livres de coton; an XI, 3 2 7 , 0 2 0 ; an XIII, 7 5 1 , 3 2 5 ; en 1 8 5 7 , 1,042,921 ; en 1 8 1 5 , du 1er janvier au 10 août, 390,746 livres. Sous la Révolution, des émigrants importèrent des semences de coton longue soie ; ils en dotèrent la Caroline du Sud, et donnèrent ainsi naissance au célèbre Sea-Island, une des bases de la fortune publique aux États-Unis. Devant cette concurrence terrible, le coton des îles ne pouvait résister. A la Guadeloupe, la production dégénéra. Des espèces grossières de cotonniers furent introduites et remplacèrent les belles espèces. La décroissance de la culture s'accusa, depuis 1 8 1 6 , d'année en année. Elle ne se releva que pendant la guerre de sécession, puis retomba. De nos j o u r s , on peut dire qu'elle n'existe plus. En effet, de 1816 à 1826, la p r o -


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