L'agriculture à la Guadeloupe

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— 232 — tique comme partout : on serre la carotte avec une corde dont les tours sont liés, rapprochés les uns des autres; on jette la carotte dans un coin et, au bout de trois j o u r s , on lui donne une nouvelle serre ; enfin trois jours après, on lui en donne encore une troisième, qui est la dernière. La carotte doit alors constituer un tout tellement compact, tellement homogène, qu'il est de toute impossibilité de l'ouvrir ; le morceau de toile est retiré, et on lui substitue un tissu végétal très-mince et très-fin, qui n'est autre chose que les gaînes corticales desséchées des bananiers qui finissent par adhérer complètement à la carotte. Le tabac ainsi préparé se vendait 1 fr. 2 5 la livre, t a n dis que celui des Trois-Rivières et de la Capesterre était payé seulement 6 0 centimes. A la Guadeloupe, on sème dans des caisses contenant de la bonne terre une quantité de graines suffisante pour produire le nombre de plantes dont on peut avoir besoin. Lorsque les plants de nicotiane ont 3 ou 4 pouces de h a u t e u r , on les transplante à un mètre de distance, et on enfonce autour des jeunes plantes trois à quatre feuilles larges et coriaces d'un premier arbre venu, destinées à les protéger contre l'influence solaire, et s'il ne pleut pas pendant les premiers j o u r s , il importe d'arroser les jeunes plantes. 11 n'y a plus qu'à les visiter tous les matins, et même deux fois par j o u r , pour rechercher les chenilles, qui sont assez grosses, d'un vert tendre, et se faisanfremarquer par des bandes blanches étroites. Ces chenilles donnent un large papillon d'une couleur uniformément b r u n e . Ces chenilles sont très-voraces. Lorsque les boutons se forment, on retranche la partie destinée à former la panicule des fleurs à l'extrémité de la tige ; on la coupe avec les ongles, on l'étête, afin d'empêcher l'acte de la floraison qui épuise la plante. Lorsque la plante est m û r e , ce qui a lieu un mois environ après la section des boutons floraux, ce que l'on connaît à la couleur un peu j a u n â t r e de la feuille, on coupe les pieds de nicotiane à deux ou trois pouces de terre, ménageant la partie inférieure de la tige ; on les laisse au soleil ; on les e m porte à la maison, et on les étend comme nous l'avons déjà dit. A la Guadeloupe, on ne peut pas faire deux récoltes, tandis qu'au Sanitas la résection peut avoir lieu sept ou huit fois, en obtenant des feuilles belles et larges, ce qui provient probablement de l'usure du terrain, attribuée à la culture de la canne à sucre. Gomment manipule-t-on le tabac avant de le pulvériser? Les carottes sont d'abord introduites dans une sorte d'auge en bois où on les rompt au moyen d'un pilon très-pesant ; ainsi triturées, les carottes s'ouvrent, et on éparpille les feuilles sur de larges plateaux en bois munis d'un bord de trois à quatre pouces d'élévation que l'on expose au soleil ; une fois bien desséchées, ce que démontre leur pulvérisation entre les doigts, on les porte au moulin. La feuille de nicotiane, réduite en poudre grossière par l'action continuelle des pilons, est passée au tamis en fils de laiton d'un tissu très-fin.


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