L'agriculture à la Guadeloupe

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— 230 — trouve sur les feuilles ; on laisse les plantes coupées auprès de leurs souches pendant plusieurs heures, et on les retourne au moins deux fois, pour que le soleil les chauffe de tous côtés et qu'il commence à exciter une petite fermentation qui leur est nécessaire. Il est essentiel que les plantes soient portées dans la case avant le coucher du soleil, car la rosée et l'humidité de la nuit arrêteraient le mouvement de ]a fermentation déjà commencée, et il pourrait en résulter de la pourriture. Pour augmenter la fermentation, les plantes sont étendues les unes sur les autres et couvertes de feuilles de balisier amorties, de quelques méchantes toiles, couvertures ou nattes, avec des planches par dessus et des pierres, pour les tenir en sujétion. On les laisse ainsi pendant trois ou quatre j o u r s ; elles ressuent, après quoi on les fait sécher, et pour cela on les attache à des gaulettes, la pointe en bas, assez éloignées pour qu'elles ne se touchent pas ; elles restent dans cet état douze à quinze j o u r s , jusqu'à ce qu'elles soient devenues tout à fait maniables, grasses, résineuses, d'une couleur brune ou tannée, fletries et amorties, de manière à être emballées ou enfutaillées, sans danger de se r o m p r e . Le tabac s'emballe de deux manières : en andouilles et en paquets. Les andouilles sont de différentes grosseurs et de différents poids ; elles varient de 5 à 10 livres et ressemblent à un fuseau tronqué par les deux bouts. On étend sur une table de grosses feuilles dont on a retiré la grosse côte du milieu; on en met de plus petites par dessus, et comme c'est dans le milieu qu'elles se croisent, l'andouille est plus grosse dans cet endroit qu'aux extrémités. On roule ensuite ces feuilles, qui servent de monte ou d'anse à celles qu'on étend et qu'on roule par dessus. Quand l'andouille est terminée, on la couvre d'un morceau de forte toile imbibée d'eau de mer, et on la lie avec une petite corde d'un bout à l'autre, le plus fortement possible, de façon que tous les tours de la corde se touchent; on la laisse dans cet état jusqu'à ce que les feuilles soient tellement liées les unes avec les autres, qu'elles ne forment plus qu'un même corps et que le tout soit suffisamment sec, On ôte alors la corde et la toile, et on coupe un peu les deux bouts de l'andouille, pour faire voir la qualité du tabac. Des andouilles bien faites se conservent et se transportent, sans danger de se gâter. On n'enlève pas l'arète ou la côte du milieu aux feuilles que l'on veut emballer en paquets ; on les place les unes sur les autres, bien étendues sur des feuilles de balisier amorties, on les couvre d'autre feuilles de même espèce, avec quelques planches et des pierres par dessus, pour les tenir étendues, après quoi on fait des paquets de vingt-cinq feuilles chacun, que l'on lie par les queues, qu'on a eu soin de laisser, avec une aiguillette de mahaut. On coupe les plantes à un ou deux pouces de terre, et on ne les arrache pas ; de nouvelles tiges surgissent, ainsi que de nouvelles feuilles que l'on


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