L'agriculture à la Guadeloupe

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— 219 — Le cahveh fut introduit Conslantinople en 1554, et de là dans tout l'empire turc. Venise le transporta en Italie, et, dans le XVII siècle, les poètes le chantèrent dans leurs vers. Laroque père, de retour d'un voyage à Constantinople, en 1644, apporta le premier à Marseille le cahveh, que les Français appelèrent café. Le p r e mier qui vendit cette fève dans la métropole fut Thévenot. Marseille accueillit favorablement cette liqueur, qui fut bientôt vendue dans deux établissements publics. Quelques balles furent expédiées à Paris ; mais lorsqu'en 1669 le ministre de Lionne offrit galamment une tasse de café à l'ambassade turc, ce délicieux breuvage était peu connu, même à la cour. Dès ce moment, tout le monde voulut en boire, et le café se vendit 4 0 écus la livre. e

En 1672, l'Arménien Pascal vendit, le premier, du café à la foire SaintGermain, et ouvrit un établissement appelé café, quai de l'École. Le Sicilien Procope, après le départ de Pascal pour Londres, ouvrit à la foire SaintGermain un établissement qui, par la bonne qualité du café, devint un lieu de réunion pour la meilleure compagnie. En 1689, il établit à Paris le Café Procope, en face de la Comédie-Française. Ce café acquit une grande célébrité et subsiste encore de nos j o u r s . Peu de temps après, Malliban fit une nouvelle installation r u e de Bussy ; d'autres établissements s'ouvrirent, et l'usage du café devint ainsi général en F r a n c e . La légende qui a cours dans le monde français accorde la gloire de l'introduction de cette plante aux Antilles au capitaine de Clien. Le bourgmestre d'Amsterdam avait, en 1714, envoyé à Louis XIV quelques pieds de café déposés dans les serres du Jardin-du-Roi, à Paris ; ces a r bustes avaient donné des grains et des plants. On eut l'idée d'envoyer deux rejetons à la Martinique. Le capitaine de Clien fut chargée de cette commission, et, à forcede soins, les rejetons arrivèrent dans de bonnes conditions. Au bout de peu de temps, les plants se multiplièrent, et il put en distribuer à tous ceux qui voulurent essayer de cette culture. Cet homme généreux eut pour toute récompense la satisfaction de voir prospérer dans toutes les Antilles la plante à la conservation de laquelle il s'était si étroitement attaché. On rapporte qu'il mourut à Saint-Pierre, en 1775, à l'âge de quatre-vingt-dix-sept ans, dans un état voisin de la misère. Voilà comment on récompense les hommes utiles! De Clien aurait été mieux traité s'il avait fait des r o m a n s , des vaudevilles, des tableaux ou de la politique ! Question de savoir si celte légende est bien exacte, car il est assez difficile que deux plants se soient multipliés assez rapidement en peu de temps, c'est-à-dire en cinq ou six mois, alors qu'il faut trois ans au cafier pour atteindre son développement.


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