L'agriculture à la Guadeloupe

Page 215

— 213 — La canne d'Otaïti (saccharum Taitense), dont la taille est plus élevée que dans les espèces saccharum officinarum et violaceum, a des nœuds plus éloignés les uns des autres ; les poils de l'épillet sont plus longs. La canne de Malabar (saccharum spontaneum) se distingue par des feuilles roulées, panicule étalée, épis simples et capillaires, fleurs involucrées, géminées, l'une pédonculée, et des tiges de un à deux pieds de h a u teur. Ces cannes furent introduites à Antigues, et de là dans les autres colonies anglaises, par la Guadeloupe. Les cannes de Malabar et d'Otaïti se ressemblent beaucoup d'aspect et de développement ; maison assure que celles d'Otaïti donnent le plus beau sucre. Elles sont beaucoup plus grosses que celles des îles anglaises, leurs nœuds ayant huit à neuf pouces de long et six de circonférence. Leur j u s est d'un vert très-pâle au lieu du vert foncé. La canne de Malabar arrive à un poids de sept à huit livres, tandis que celle des colonies anglaises pèse au plus quatre à cinq livres. A l'âge de dix mois, elles sont bonnes à passer au moulin ; plus tard, elles ont perdu une partie de leur jus ; elles résistent à la sécheresse mieux que les autres. Dans la chaudière, le jus se transforme en sucre plus facilement ; elles rendent à raison de 3,500 livres de sucre par acre. Depuis 1 6 3 3 , les cannes succédèrent aux cannes dans un sol qui perdait chaque j o u r ses principes fertilisants. En 1785 apparurent à la Guadeloupe, pour la première fois, des chenilles qui exercèrent sur les cannes des ravages épouvantables, et continuèrent à les exercer pendant plusieurs a n nées. La science contemporaine a reconnu que le dépérissement des plantes n'était pas dû à des insectes, mais que leur présence en était la conséquence presque inévitable. N'en serait-il pas de même pour le phylloxera? En 1 7 8 5 , la canne dépérissait à la Guadeloupe, puisque les insectes appar u r e n t avec la maladie, causée évidemment par la plantation permanente, continue des mêmes souches de cannes. La chenille meurtrière n'était autre que le borer (procreas sacchariphagus). Des cannes de Malabar et d'Otaïti ont été plantées au milieu d'un champ de cannes des îles fortement endommagées par la sécheresse et le borer, à tel point qu'il n'avait pas été possible d'en retirer du sucre, tandis que les nouvelles venues ont donné de bons résultats. Ainsi, non seulement dans les colonies françaises, mais encore dans les colonies anglaises, le borer, qui avait paru en 1785, continuait à exercer ses ravages en 1794. L'incendie des archives, en 1794, n'a pas permis de donner des renseignements sur les déficits occasionnés par les ravages du borer. Seulement on a pu savoir qu'en 1790 la culture des cannes comprenait 2 2 , 6 8 0 car-


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.