L'agriculture à la Guadeloupe

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— 212 — presque sèches, elles n'ont ni le suc nécessaire pour produire du sucre, ni pour pousser des rejetons» ni pour communiquer à l'eau la douceur et la force qui la fasse fermenter pour produire l'esprit composant l'eau-de-vie. Autrefois, toute la culture de la canne consistait en sarclage. Les anciens n'employaient ni charrue, ni fumier. La nature prodigue de la Guadeloupe donnait à la terre les éléments d'une bonne fertilisation. Les plantations de cannes ont pris une extension de plus en plus grande. En 1700, la Guadeloupe possédait 60 sucreries; en 1 7 7 0 , elle en avait 111 ; en 1720, 1 6 8 ; en 1 7 3 0 , 2 5 2 ; en 1 7 5 3 , 3 2 4 ; en 1 7 6 7 , 341 ; en 1 7 7 2 , 3 7 8 , et 388 en 1 7 7 7 . En 1 7 8 1 , la culture de la canne s'étendait sur 2 6 , 4 7 2 carrés, avec 574 m o u l i n s ; en 1785, il y avait 2 6 , 9 7 0 carrés en cannes et 507 moulins. En 1 7 0 0 , on comptait 1,600 chevaux et mulets, 3,700 bêtes à cornes. En 1 7 7 7 , il y avait 9,220 chevaux ou mulets, 1 5 , 7 4 0 bêtes à cornes, 2 5 , 4 0 0 moutons ou chèvres; en 1 7 8 1 , 7,570 chevaux ou mulets, 11,554 bêtes à cornes, 1 5 , 0 8 8 moutons ou cabrets, 3,777 porcs, 705 cabrouets et charrettes. En 1 7 8 5 , on trouvait 7,855 chevaux ou mulets, 12,256 bêtes à cornes, 1 2 , 3 9 0 moulons ou cabrets, 4 , 6 7 0 porcs, 718 cabrouets et charrettes. Les colonies étaient riches et prospères ; tous les efforts de la royauté tendaient à maintenir cette éclatante prospérité, nécessaire à la grandeur de la F r a n c e . La canne créole s'étiolait, par suite d'années trop répétées de culture ; on demanda à l'étranger de nouveaux plants de cannes, pour maintenir les plantations dans un état florissant. Les Français, les premiers parmi les Européens, introduisirent aux Antilles les cannes de la côte de Malabar, la canne de Batavia et la canne d'Otaïti, dès 1 7 8 5 . La canne à sucre de Batavia ou canne violette (saccharum violaceum), qui croît naturellement au Mexique, sur les montagnes de Cundinamarca, ne diffère de la canne ordinaire (saccharum officinarum) que par sa couleur, ses épillets beaucoup plus petits, plus fortement ciliés, et les nœuds plus rapprochés ; tiges purpurines, longues de sept à huit pieds, grosses de deux pouces ; feuilles planes, linéaires, fortement acuminées, violettes, un peu denticulées à leurs bords, longues de deux à trois pieds, côte du milieu très-épaisse, canaliculée en dedans ; panicule étalée ; r a m e a u x presque verticillés, ramifiés, rougeâtres ; épillets géminés, l'un sessile, l'autre pédicellé; valves du calice oblongues, lancéolées, glabres, u n peu obtuses, à quatre nervures légèrement ciliées à leur sommet, entourées à leur base de poils blancs très-longs ; valve de la corolle oblongue, lancéolée, aiguë, de la longueur du calice. Elle a une variété dite canne rubanée, rayée longitudinalement de violet et de jaune, semblable au ton de la canne à sucre.


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