L'agriculture à la Guadeloupe

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— 208 — n'entrent pas dans les pièces de cannes. Rien n'est plus pernicieux pour les plantations que les pieds des chevaux et les roues des voitures, lorsqu'on vient de couper lès rejetons, surtout quand il pleut et que le sol est mou. Disons encore que le maître peut mieux surveiller le travail des ouvriers, qui le font souvent mal, se contentant de sarcler et de rechausser les-cannes qui se trouvent sur les bords, tandis que celles du milieu sont négligées : on y laisse les herbes, les lianes ; on ne comble pas les vides, ce qui amène, avec le temps, le dépérissement des plantations. Enfin, la division en carrés embellit une habitation ; sans cela, on ne pourrait planter le long des chemins des pois d'Angole, des pois de sept ans, arbrisseaux fort agréables et fort utiles, qui forment des allées et des p r o menades. Lorsqu'on ne veut pas laisser improductive toute la largeur de ces chemins, on se contente d'un sentier de chaque côté, p o u r visiter le travail et cueillir les pois ; on plante tout le reste en manioc ou en patates, en ayant soin de ne planter que du manioc blanc ou du manioc d'osier, afin qu'il soit mûr et en état d'être arraché avant que l'on coupe'les cannes. Quoique les cannes soient plantées sur des mornes ou dans des rives de costières, trop droites pour aller s'y promener, il ne faut pas négliger les divisions ci-dessus indiquées. Le terrain étant ainsi partagé, il faut l'aligner, c'est-à-dire marquer une raie au cordeau, afin de planter les cannes en droite ligne ; selon l'état et la valeur de la terre, on établit les rangs plus ou moins éloignés les u n s des autres. Lorsque la terre est tout à fait bonne, on peut laisser 3 pieds 1/2 de distance dans les rangs en tous sens ; mais si elle est maigre ou usée, et qu'on soit obligé de replanter tous les deux ans, il suffit de laisser 2 pieds. Ce système rend les sarclages plus faciles, et puis les ouvriers découvrent mieux les serpents qui ne sont que trop communs à la Martinique, et desquels il est utile de se garantir. Lorsque le terrain est aligné, on place un ouvrier ou une ouvrière vis-àvis de chaque ligne ; on m a r q u e , sur le manche de la houe, la distance qu'ils doivent laisser entre chaque fosse, et on commence le travail. Chaque fosse doit être de 15 à 20 pouces de long, de 4 à 5 pouces de large, et de 7 à 8 pouces de profondeur au plus. A mesure que les ouvriers qui font les fosses avancent sur chaque ligne, des enfants ou des femmes les suivent et jettent dans chaque fosse deux morceaux de canne de 15 à 18 pouces de l o n g ; ces femmes sont suivies par d'autres ouvriers avec des houes, qui ajustent les deux morceaux de canne l'un à côté de l'autre, de sorte que le bout qui vient du côté de la tête de la cannesoit hors de la terre de 3 pouces, et que le bout de l'autre fasse le même effet à l'extrémité opposée, après quoi ils remplissent la fosse de la terre qui en a été tirée. Les morceaux de cannes que l'on met en terre se prennent ordinairement


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