L'agriculture à la Guadeloupe

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— 203 — 1852 régla l'immigration et organisa la police du travail ; mais ce n'est qu'à partir de 1854 que la production prit réellement de l'essor. L'état de la production était misérable pendant la période républicaine, terminée le 2 décembre 1852, par la proclamation de l'Empire. En effet, de 1848 à 1852, la production du sucre n'a pas dépassé 20 millions de kilog.; café, 2 2 1 , 0 0 0 ; cacao, 1 4 , 0 0 0 ; coton, 20,000 ; campêche, 17,000 ; mélasse, 2 3 , 0 0 0 litres; r h u m et tafia, 1 6 9 , 0 0 0 litres. On voit que les révolutions ne sont guère favorables à la production d'un pays, ainsi qu'à son mouvement commercial, qui avait aussi diminué dans de larges proportions, tandis que de 1853 à 1856 le mouvement s'est accru de moitié. L'année 1856 vit une modification s'opérer dans le régime commercial des colonies, et les bases du commerce avec les peuples furent grandement élargies. Une loi du 24 juillet 1860 exempta les céréales de tous droits de douane, lesquelles étaient importées par des navires français, et les chargea de 2 fr. lorsqu'elles arrivaient par navires étrangers. Les droits furent aussi supprimés sur les riz de toutes provenances. Un décret permit l'introduction des m a chines et mécaniques, des objets en fonte ou en fer propres à l'exploitation des sucreries, et provenant des manufactures étrangères, moyennant le paiement des droits. De 1857 à 1 8 6 1 , le commerce d'exportation de la colonie a présenté des résultats assez satisfaisants : sucre, 27 à 28 millions de kilog.; café, 150,000 à 327,000 kilog.; cacao, 52,000 à 7 2 , 0 0 0 ; coton, 15,000 à 2 5 , 0 0 0 ; rocou, 130,000 à 188,000 ; rhum et tafia, 1 million à 1 million 1/2 de litres. En France, la théorie du libre échange trouvait chaque jour des partisans plus nombreux. L'œuvre de Colbert, fortifiée par ses successeurs, exagérée par les guerres, puis transformée en système prohibitif, tombait en ruine. L'Angleterre, qui avait immensément accru son industrie, au moyen d'un système protecteur poussé à outrance, avait complètement atteint son but : ses manufactures pouvaient désormais défier toute concurrence étrangère et l'écraser sous le poids de leurs produits. Dès 1824, elle commençait à faire tomber les barrières qui défendaient son industrie, pour ne plus s'arrêter dans cette voie, et enfin elle entraînait la France à lui ouvrir son marché par le traité de 1860. Ce traité anéantissait le système prohibitif, tout en assurant protection à nos produits naturels et manufacturiers, par des droits de douane habilement ménagés, mais qui n'étaient guère favorables à l'agriculture. A cette époque, la situation des colonies, qui accomplissaient une transformation complète, était précaire, malgré l'extension de leur agriculture. Le sucre de betterave leur faisait une concurrence ruineuse. La Guadeloupe avait le plus souffert des suites de l'émancipation et avait perdu son premier rang comme colonie productive. En 1858, sa position était si critique qu'elle n'avait pas hésité à demander, en matière commer-


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