L'agriculture à la Guadeloupe

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Le commerce fut concentré à Sainte-Lucie, ce qui était une erreur, p u i s que les marchandises étaient augmentées d'un fret inutile ; cette règle fut modifiée. Cet état provisoire cessa par suite d'un arrêt pris par le conseil d'État le 29 juillet 1 7 6 7 . Le commerce étranger fut interdit dans toutes les îles et concentré, pour celles du Vent, à Sainte-Lucie ; pour celles sous le Vent, au Môle-Saint-Nicolas, à Saint-Domingue. Les marchandises dont l'introduction était permise consistaient en bois de toutes espèces, animaux vivants, cuirs verts, en poils ou tannés, résine, goudron, acquittant un droit d'entrée de 1 0/0, ad valorem ; les étrangers, en payant un pareil droit de sortie, prenaient des sirops, tafias et des marchandises importées d'Europe. Diverses autres mesures furent encore prises à ce sujet. Les peines de galères, pour infraction aux lois commerciales, furent s u p primées et remplacées par des amendes. Pour procurer aux négociants français les moyens de soutenir la concurrence dans l'achat des sirops et tafias des colonies, on fit payer aux étrangers un droit de 3 fr, par velte, ou 8 pintes de Paris, et le produit des droits était donné en prime aux navires français. Ces encouragements au commerce national avaient un plein succès, ce qui est bien prouvé par le mouvement des marchandises. En 1729, les colonies avaient importé en France pour 9 , 9 2 6 , 5 4 7 livres ; la France avait importé aux colonies pour 1 3 , 6 3 6 , 3 6 8 livres. En 1730, les colonies expédièrent en France pour 2 0 , 1 1 7 , 4 6 1 livres, et la France aux colonies pour 9 , 8 6 6 , 7 4 7 . A cette époque, 300 navires jaugeant 3 9 , 8 1 6 tonneaux, montés par 8,421 matelots, avaient été employés à ce commerce; au 31 décembre 1 7 7 5 , il était arrivé dans les ports de France 562 navires venant de Saint-Domingue, de la Martinique, de la Guadeloupe et de Cayenne. En résumé, les produits sortis des îles se sont élevés à un chiffre t r è s considérable, soit plus de 2 2 6 millions de livres. La situation était florissante et ne pouvait que s'améliorer. Les colonies étaient appréciées par le gouvernement, et le roi reconnut qu'il ne fallait pas maintenir trop rigoureusement les mailles du système colonial, et qu'il était nécessaire de permettre aux étrangers de ravitailler parfois les colonies, afin de donner satisfaction à leurs besoins. La loi austère de la prohibition devait cesser lorsque l'obligation réciproque ne pouvait être remplie, sans quoi le royaume aurait tari cette source de richesse par la voie m ê m e qu'il aurait employée pour la conserver. Par une déclaration du roi de 1 7 1 3 , le tafia des colonies avait été prohibé dans toute l'étendue du royaume, comme liqueur dangereuse et nuisible à la santé. L'expérience avait prouvé le contraire, et les principales villes m a r i times sollicitèrent l'interdit. La supplique fut favorablement accueillie.


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