L'agriculture à la Guadeloupe

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— 196 — raffinés; mais on prit des précautions pour que ces denrées seules parvinssent à l'étranger. L'exclusion des étrangers du commerce des colonies paraissait devoir être si absolue, que toute communication avec les Espagnols fut interdite ; mais les immenses bénéfices que les Anglais tiraient de leurs relations avec cette nation engagèrent le gouvernement français à entrer dans la même voie. Toutes ces lois, rendues selon les circonstances, avaient fini par produire une grande confusion. De fréquentes contestations s'élevèrent entre les négociants et l'adjudicataire des fermes. Le roi ordonna d'étudier un remaniement général de toutes les dispositions antérieures. Le commerce des colonies fut réglementé par lettres-patentes du mois d'avril 1 7 1 7 . Des ports furent désignés pour l'armement des navires destinés aux colonies; les négociants furent obligés, sous peine de 10,000 livres, de faire revenir directement leurs navires dans le port de départ, etc., etc. Les gouverneurs généraux avaient permis aux étrangers d'introduire aux colonies des chevaux, bœufs, moutons, bois et autres marchandises semblables, que le commerce national ne pouvait fournir. En même t e m p s , les étrangers faisaient entrer frauduleusement des farines, du bœuf salé, des indiennes calmas (toiles peintes des Indes) et caladery (toiles de coton du Bengale). Un nouvel édit fut rendu pour arrêter cette fraude, qui portait atteinte à la prospérité du commerce national; mais la continuation du commerce avec les Espagnols fut autorisée. La crise qui suivit la chute de Law fut terrible, mais salutaire à la France. Momentanément écrasé, le commerce reprit bientôt son essor puissant, et la prospérité des Antilles devint éclatante. Avec les basses matières de la fabrication du sucre, on obtenait un premier produit, appelé sirop ou mélasse, et avec ce sirop on faisait une eau-devie appelée guildive ou tafia. Ces deux produits ne pouvaient ni pénétrer en F r a n c e , ni être exportés à l'étranger. La consommation intérieure satisfaite, tout le surplus était une pure perte pour les habitants ; on perdait ainsi, tous les ans, plus de cent mille barriques, valant 9 à 10 millions. Le gouvernement métropolitain avait enfin reconnu, en 1763, la nécessité de permettre aux étrangers de fournir aux colonies certaines marchandises que le commerce national ne pouvait y i m p o r t e r ; il reconnut aussi qu'il ne fallait pas laisser improductifs les sirops et les tafias, et à partir du 1 j a n vier 1764 les étrangers purent introduire des bœufs vivants, moutons, planches, blés d'Inde ou d'Espagne, avoines, etc., etc. Les navires devaient prendre, en échange, les sirops et tafias des colonies, qui sortaient sans acquitter les droits. e r


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