L'agriculture à la Guadeloupe

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— 186 — Abroger les crédits, payer les gens de travail fut reconnu indispensable. On proposa d'établir une monnaie spéciale pour les Des, et le roi ordonna la fabrication de 30,"O00 livres de pièces de 15 sols, et de 2 4 , 0 0 0 livres de pièces de 5 sols, spéciales aux colonies. La guerre de 1672 acheva la ruine de la compagnie, et on décida qu'il fallait supplier le roi de reprendre les terres concédées ; l'acquisition fut acceptée pour 5 , 1 0 0 , 1 8 5 livres. Un arrêt du Conseil d'État de 1672, en établissant les cours des monnaies, tout en maintenant les crédits, enjoignit de stipuler tous les nombres en livres tournois; les dettes stipulées en deniers furent payées à raison de 4 livres le cent. L'édit qui prononça la dissolution de la compagnie permit à tous les sujets de Sa Majesté d'aller trafiquer dans les colonies, en prenant les passeports et congés ordinaires. La nouvelle fut accueillie aux colonies avec des transports d'allégresse, mais la joie lut de courte durée. Rien n'avait été changé; le monopole de la compagnie avait seulement passé à la nation. Le monopole était nécessaire. Louis XIV avait poussé la nation dans les voies de l'industrie et du commerce. Il pensait qu'elle avait fait assez de progrès pour avoir la liberté de traiter avec les colonies ; mais elle n'était pas encore assez avancée pour soutenir la concurrence des Anglais ou des Hollandais. Les colonies françaises durent subir le joug, parfois écrasant, du monopole ; mais on espérait que, peu à peu, le roi desserrerait les mailles du pacte colonial et chercherait une transaction satisfaisante pour tous les intérêts. Les colonies luttèrent longtemps ; on resta sourd à leurs cris de désespoir. Parfois, l'avidité des commerçants n'avait pas de bornes pour les modérer ; les conseils souverains prirent sur eux de taxer toutes les m a r chandises et de condamner sévèrement les contrevenants ; mais le roi comprit que la liberté de la vente et de l'achat ne pouvait pas être entravée sans nuire à tous, et il fit supprimer toutes taxes. L'abrogation des crédits était sans cesse demandée. Le roi déclara qu'il fallait s'appliquer à maintenir la liberté entière entre les habitants pour leur commerce, de quelque manière qu'ils veuillent le faire ; leur procurer le repos et la tranquillité nécessaires, en empêchant les vexations que les riches font parfois aux pauvres, et en s'arrangeant de façon à rendre justice à tout le monde, afin d'augmenter ainsi le n o m b r e des habitants et d'y attirer les Français. Une ordonnance de 1707 fixa à 55 pots, mesure de P a r i s , le contenu du baril destiné à mesurer le manioc, le riz, les pois et autres denrées. Les colonies furent riches sous les règnes de Louis XV et de Louis XVI. On prit des mesures pour organiser convenablement le crédit, car les sucre-


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