L'agriculture à la Guadeloupe

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— 183 — Les cultures, poursuivies avec la sécurité conquise, rappelèrent le commerce ; les capitaines de navire arrivèrent. L'échange est le mode primitif des transactions commerciales dans toute colonie naissante, où l'argent fait défaut. La livre de tabac devint l'étalon monétaire. Tout allait pour le mieux, et les échanges avaient lieu dans les meilleures conditions. La compagnie, qui marchait à la ruine, essaya de r e t r e m p e r ses forces et renouvela ses statuts le 29 janvier 1 6 4 2 . En 1 6 4 3 , la Guadeloupe reçut pour gouverneur un des seigneurs de la compagnie, Houël, seigneur de Petit-Pré. 11 arriva avec l'intention de devenir seigneur-propriétaire de cette colonie. La compagnie était presque ruinée et, pour précipiter cette ruine, Houël engagea la compagnie dans de folles d é penses de fortifications. L'administration Houël fut une période de troubles, et le commerce hollandais en profita pour s'emparer du commerce de la Guadeloupe et des autres colonies, plongées aussi dans le désordre. La compagnie ne pouvait plus marcher ; elle décida que les colonies seraient vendues. Boisseret, beau-frère de Houël, en fit l'acquisition ; il en céda la moitié à ce dernier. Sous son administration, les premières sucreries furent érigées. Mais les désordres et l'anarchie continuèrent dans la Guadeloupe, dont Houël voulait devenir l'unique propriétaire. Le commerce français fut anéanti, et celui des Hollandais devint maître du marché. Les habitants donnaient du sucre, de l'indigo, du tabac, de la casse, du séné, du gingembre, du coton, du caret, des bois de teinture, du rocou, contre du vin, de l'eau-de-vie, de la viande, de la toile, des étoffes, des souliers, des chapeaux ; quelques-uns envoyaient leurs denrées en France et en Hollande. Tout capitaine qui arrivait dans l'île avait certaines formalités à accomplir. On désignait une commission qui taxait toutes les marchandises, et l'état était affiché à la porte du magasin. Une paire de souliers s'échangeait contre cent livres de petun, valant quinze francs; les marchands gagnaient o r dinairement cent pour cent. Le commerce est une belle chose pour les consommateurs, il faut en convenir ! Les Hollandais vendaient à meilleur marché que les Français, même les marchandises qu'ils achetaient en France ; ils s'enrichissaient tout de m ê m e rapidement. Les concessionnaires arrivaient encore plus vite à de grandes fortunes. Les colonies vendues à des particuliers étaient l'arène de scènes tumultueuses et sanglantes. Le commerce de la métropole n'y existait plus. Golbert voulut leur donner la tranquillité. Il méditait déjà le projet de réunir nos établissements d ' o u t r e - m e r au domaine de la couronne, en laissant aux commerçants de toute la France le soin d'y trafiquer ; mais le commerce et l'industrie de la métropole, n'étant pas encore assez bien établis pour être


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