L'agriculture à la Guadeloupe

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— 182 — chandises en quantité suffisante ; les colons continuèrent leurs relations avec l'étranger, et la compagnie se trouva ruinée ; c'était justice. Cependant les habitants de Saint-Christophe, craintifs pour leur avenir, ouvrirent avec la compagnie des négociations qui furent couronnées de succès. Les seigneurs des îles d'Amérique réorganisèrent leur association sur de meilleures bases. Saint-Christophe n'avait plus de terre à défricher. Riche et prospère, cette île avait une population surabondante et des officiers qui rêvaient de s'établir dans les Antilles voisines. Vers la fin de 1 6 3 1 , un gentilhomme du nom de l'Olive, exerçant à SaintChristophe les fonctions de lieutenant-général, était possédé de l'idée de fonder à la Guadeloupe une colonie, et il s'était rendu en France pour a r river à la réalisation de son projet. A Dieppe, il fit la connaissance d'un gentilhomme avec lequel il s ' e n t e d i t pour la fondation de la nouvelle colonie, et tous deux pensèrent que l'association des seigneurs d'Amérique p o u vait les aider dans leur entreprise. Le 14 février 1 6 3 5 , ils signèrent u n traité avec cette compagnie, qui leur accordait pour dix ans le c o m m a n d e m e n t d e l'île où ils s'établirent d'abord, et de celles qu'ils occuperaient ensuite. Ils intéressèrent quelques marchands de Dieppe qui furent autorisés à faire le commerce dans les établissements à créer, à la place de l'association. Des engagés furent raccolés pour cultiver la terre, et plusieurs familles se présentèrent pour partir à leurs frais. Deux navires reçurent les personnes qui allaient tenter fortune aux îles. Quatre religieux accompagnaient les chefs, et 550 personnes formaient l'armée civilisatrice qui allait conquérir des terres nouvelles. Cet armement mouilla devant la Martinique le 2 5 juin 1634. Cette île fut explorée avec soin ; mais comme elle était m o n tagneuse, hachée de précipices et de ravins, infestée de serpents venimeux, l'Olive et du Plessis firent acte de possession en élevant une croix, et se dirigèrent vers la Guadeloupe, où ils mouillèrent le 28 juin. Le lendemain, les nouveaux arrivants assistaient à la messe dans une chapelle faite avec des roseaux et des branches d'arbres. C'était le jour de la fête des apôtres saint Pierre et saint P a u l ; la colonie naissante fut placée sous leur patronage. Les premières habitations de petun s'élevèrent des deux côtés de la pointe Allègre. Les vivres embarqués avaient été si mal choisis qu'ils se c o r r o m pirent en partie, pendant une courte traversée ; le reste fut dissipé en deux mois, et la famine s'abattit sur les nouveaux cultivateurs, et avec elle les maladies, qui enlevèrent du Plessis. L'Olive déclara une guerre intempestive aux Caraïbes, qui avaient cependant apporté des vivres aux affamés. Cette guerre dura jusqu'en 4 7 4 0 , et la paix fut conclue par le gouverneur Aubert, habile administrateur. Les h a b i tants affluèrent ; la côte sous le Vent fut défrichée, cultivée, et la ville de la Basse-Terre commença à s'éleveir.


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