L'agriculture à la Guadeloupe

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— 176 — puisque ce serait donner du goût aux jeunes gens pour les sciences qui les détourneront sûrement de celui de leur culture et leur commerce. » Voilà bien un ligne du t e m p s ! Il fallait que les cultivateurs fussent des ignorants et n'eussent aucune notion scientifique. Les gouvernements, en attendant la création d'un collége, surveillaient les petites écoles de garçons et de filles, et les avaient réglementées ; diverses dispositions furent prises en 1 7 1 8 , pour que les garçons et les filles fussent placés dans des salles séparées, et pour que la religion fût la base dominante de l'éducation. Ces écoles étaient insuffisantes pour les garçons ; il fallait aux enfants une instruction plus forte. Un capucin, le R. P . Charles-François, entreprit de donner aux jeunes créoles une instruction aussi solide que celle qui était dispensée en France. Il fallait vaincre les résistances de la cour. Le R. P . François se rendit dans la métropole ; il arracha une autorisation au ministre de la marine ; le conseil supérieur sanctionna en 1768 le plan de l'éminent capucin. Le collége prit le nom d'école de Saint-Victor. Le prix de la pension fut fixé à 1,000 livres pour la première année, et à 9 0 0 pour les autres. Cette école ne tarda pas à rendre de grands services. Toutes les colonies durent contribuer à ses dépenses. La Guadeloupe paya 5,000 livres. L'école de Saint-Victor disparut avec la Révolution, ainsi que les autres institutions pour garçons et filles, établies dans les autres îles. Ces dernières ne reparurent qu'en 1 8 0 2 , après le rétablissement de l'ordre ; mais elles ne donnaient qu'une instruction primaire ou commerciale, et n'eurent aucun fondement solide. En 1 8 3 3 , l'abbé Angelin réussit à fonder, près la BasseTerre, une école secondaire d'où sortirent des élèves fort distingués ; elle tomba à la mort de son fondateur. Dans les colonies, l'instruction ne peut être donnée que par des congrégations religieuses, qui seules assurent à l'enseignement sa fixité, et aux m é thodes une suite indispensable. Les demoiselles de famille devaient, les premières, jouir des bienfaits d'une bonne et solide instruction. La congrégation des dames de SaintJoseph de Clugny consentit à fonder une maison d'éducation pour les jeunes filles. Huit sœurs débarquèrent à la Basse-Terre le 21 avril 1 8 2 2 . Les élèves étaient divisées en trois classes pour l'enseignement; elles étaient aussi exercées chaque j o u r aux ouvrages manuels de couture, de broderie et de ménage. Le coup de vent de 1825 interrompit les études, qui ne reprirent leur cours qu'en 1 8 2 6 . L'ouragan du 26 juillet broya la maison de Saint-Joseph ; les sœurs et les jeunes filles furent, en quelque sorte, sauvées miraculeusement. M. de Chicourt, commis principal de la marine, dont le nom est resté vénéré aux colonies, accomplit des merveilles de sauvetage. Il parvint à


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