L'agriculture à la Guadeloupe

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— 173 — ment à la direction de leurs établissements. Ce résultat heureux ne pouvait être atteint que si le gouvernement des colonies reposait sur des principes constants. Il se proposa donc d'éclairer le gouvernement colonial par l'expérience des habitants les plus accrédités en tout ce qui concerne les affaires du pays. Tel fut l'objet d'une ordonnance de 1787 qui supprima la chambre d'agriculture, en établissant une assemblée coloniale. Cette assemblée, après l'expulsion des planteurs considérés comme autorités, c o m p o sée, dès le début de la révolution, des patriotes les plus scélérats, s'empara de tous les pouvoirs politiques, devint le foyer de toutes les agitations s u b versives, et finalement disparut en 1 7 9 4 , lors de la promulgation illégale de la Constitution de l'an III. La guerre relâcha tous les liens entre la métropole, et la colonie fut livrée à toutes les horreurs révolutionnaires. Rendue au calme par le génie qui relevait glorieusement la France, la Guadeloupe vit, en 1 8 0 3 , revivre sa chambre d'agriculture. Ses pouvoirs consistaient à présenter des vues sur les moyens d'améliorer la culture ; elle avait aussi un député à Paris. Cette institution croula avec l'Empire ; mais la colonie n'en fut pas moins l'objet d'une vive sollicitude de la part de la Restauration. En 1 8 1 7 , une dépêche invitait les administrateurs élus à donner leurs soins à la multiplication des plantes utiles, surtout des végétaux intéressants pour la nourriture, la santé des hommes et des animaux, et pour le commerce d'exportation. En 1 8 1 9 , on établit de nouveau un comité consultatif d'agriculture et de commerce, ayant à peu près les mêmes attributions que les précédents. Cette institution fut encore supprimée en 1 8 3 6 , et on la remplaça par un conseil général. La révolution de 1830 provoqua un remaniement dans les pouvoirs du conseil général qui, en 1 8 3 3 , fut remplacé par un conseil colonial ; ce conseil fut précipité dans l'abîme en 1 8 4 8 , et les pouvoirs furent transférés au gouverneur. En 1854, on rétablit le conseil général qui eut le pouvoir de voter, même de voter les tarifs douaniers. Ces institutions politiques furent la représentation officielle de l'agriculture coloniale. Les sommes votées au budget pour encouragements à l'agriculture s'élevèrent à 1 0 6 , 5 0 0 fr. en 1872, à 87,000 fr. en 1 8 7 3 , à 9 8 , 5 0 0 fr. en 1874, à 5 8 , 5 0 0 fr. en 1 8 7 5 , et à 1 7 3 , 5 0 0 fr. en 1 8 7 6 . Dans cette dernière somme se trouve celle de 1 0 0 , 0 0 0 fr., destinée à être donnée en prime à l'auteur du meilleur procédé pour retirer de la canne la plus grande quantité possible de sucre. Le conseil général vota aussi, en principe, les dépenses d'une station agronomique. Le chimiste-directeur était arrivé dans les colonies ; mais, en 1877, le champ d'expériences n'était pas encore désigné. L'initiative privée n'avait encore pris aucune part dans la direction des améliorations agricoles. Quelques esprits avancés résolurent de combler


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