L'agriculture à la Guadeloupe

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— 164 — deloupe avaient essayé de combattre le sucre de betterave avec ses propres armes. Les inconvénient de l'ancien mode de fabrication étaient connus, et on fit des efforts pour les faire disparaître ; mais le grand obstacle se rencontrait toujours dans la législation des sucres, et les colonies étaient condamnées par cet impôt sauvage à ne produire que des sucres défectueux. Toute a m é lioration leur était interdite. En France, on avait inventé une méthode de dessiccation et de lavage pour la fabrique du sucre de betterave. Une grande compagnie se forma pour r é duire les colons à n'être que des cultivateurs dont toute la manipulation consisterait à dessécher leurs cannes, soit à l'étuve, soit au soleil. Les cannes desséchées seraient expédiées en France, où l'on devait en extraire le sucre. La Société comptait retirer ainsi de la canne toute la partie saccharine. Avant de s'engager dans une aussi gigantesque opération, les promoteurs de l'association voulurent connaître la quantité exacte de substance utile contenue dans la matière qu'ils cherchaient à exploiter. M. Eugène Péligot, chimiste, auquel on s'était adressé, commença par déclarer qu'il était regrettable qu'on n'eût pas compris qu'il était de la justice et de la prudence d'imposer aux colons les perfectionnements. Et si le gouvernement et les conseils coloniaux, disait ce savant chimiste, avaient donné à cette vieille industrie, dans le but d'améliorer ses procédés d'extraction, quelques-uns des encouragements qui n'ont jamais m a n q u é à la fabrication naissante du sucre de betterave, la question des sucres, aujourd'hui si compliquée, ne se serait sans doute jamais présentée. La fabrication du sucre de cannes est restée stationnaire et imparfaite à cause des faits inexacts et des opinions erronées avancés théoriquement depuis des siècles. Pratiquement parlant, le témoignage des colons et leur situation commerciale démontrent l'imperfection des méthodes employées pour l'extraction du sucre d'une plante dont la richesse naturelle devrait leur assurer une existence facile et prospère. On a dit que dans le vesou préexiste un poids de mélasse égal à celui du sucre qu'on en retire. Cette erreur, partagée par presque tous les colons, même actuellement, a été la cause principale de l'état d'imperfection dans lequel s'est maintenue l'industrie sucrière de la canne. La quantité de m é lasse est variable ; elle change avec les circonstances du travail qu'on fait subir au vesou ; cette mélasse provient de l'altération qu'on fait subir au sucre. Ce fait capital, confirmé chaque jour par l'expérience du fabricant, aurait amené des perfectionnements tels que le rôle joué par le sucre dans l'alimentation serait, par suite de son bas prix, d'une importance que l'on ne peut guère apprécier. Dutrône la Couture écrivait en 1870 que la canne contient trois espèces


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