L'agriculture à la Guadeloupe

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— 152 — briques, produisit 160 millions de kilog. de sucre ; p r o d u c t i o n coloniale de 1 8 5 8 , 100 millions de kilog. Total : 260 millions de kilog. La consommation s'éleva à 180 millions de kilog.; excédant : 80 millions de kilog. entièrement composés de sucres coloniaux, qui furent réexportés et vendus à des prix avilis. Toujours la malheureuse production coloniale victime du contrat, dont les clauses n'étaient léonines que pour elle ! La production coloniale se heurtait sur les marchés français à des concurrents redoutables : le sucre métropolitain, le sucre étranger. Le 2 juillet 1 8 5 8 , un procès-verhal de la chambre d'agriculture de la Grande-Terre déclarait que la production métropolitaine dominait la situation; qu'elle avait réalisé tous les progrès, et qu'elle était en mesure de fournir à tous les besoins de la consommation ; qu'il lui était toujours loisible de s'étendre ou de se restreindre, car peu de mois suffisaient à sa culture, et que dans l'année m ê m e elle pouvait fabriquer ; que cette industrie enfin réunissait tous les avantages propres à la faire triompher. Le sucre colonial, en présence de la double concurrence qu'il lui faut maintenant accepter, n'en reste pas moins soumis, dans sa fabrication, aux deux exigences du système prohibitif. L'accès des marchés lui est tout à fait interdit, alors même qu'il ne trouverait des débouchés dans la métropole. La chambre de commerce de Nantes faisait, observer que les sucres formaient l'élément du fret de notre marine, car ils entraînaient avec eux, comme accessoires et complément de cargaison, la plupart des autres denrées qui figurent sur les tableaux d'importation. Elle ajoutait que le sucre colonial était sur le point d'être expulsé entièrement des marchés de la métropole, les seuls qui lui étaient ouverts. Les ports de mer, les colonies, la marine marchande, étaient plongés dans une anxiété profonde. La chambre de commerce proposait, pour sauver la situation, le dégrèvement immédiat du sucre colonial, afin de lui donner une position égale à celle de son concurrent, auquel il était assimilé dans la législation actuelle, par une inégalité frappante qui réclamait justice ; elle demandait que ce dégrèvement fût de 20 fr. par 100 kilog. pour le sucre des Antilles. E n thèse générale, lorsque deux industries similaires existent dans un même pays, la loi ne peut ni ne doit se préoccuper des différences qui les séparent, C'est sous l'existence d'une règle uniforme que les industries similaires, exercées sur le même sol, doivent naître et se développer. En est-il de même pour le sucre indigène et le sucre colonial ? Si le marché français est réservé au sucre indigène, le même marché est le seul qui soit ouvert au sucre colonial ; mais il existe cette différence entre l'un et l'antre que, pendant que le sucre indigène se produit et se vend sur les lieux mêmes de la consommation, le sucre colonial, récolté à des milliers de lieues de la métropole, surchargé de toutes les dépenses de droits de sortie, de fret, d'assurances, de déchets et autres, obligé de vivre péni-


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