L'agriculture à la Guadeloupe

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— 150 tïurtnement, que les tarifs antérieurs avaient é t e i n t , du moins faisait-elle cesser l'inégalité de la taxe, selon le poids, dont profitait la fabrication métro--.-dgolitaine. Cette nouvelle loi, quoique compliquée et peu claire, était moins défavorable à la production coloniale que celle du 2 juillet 1843, qu'elle remplaçait. L'industrie du raffinage avait part aux faveurs du nouveau tarif : franchise des mélasses sortant des raffineries, maintenue par le deuxième paragraphe de l'article 8 ; tolérance de 6 0/0 accordée,sur la prise en charge des produits, à la rentrée dans toutes raffineries non annexées à des fabriques, e t c . , etc. A la sucrerie métropolitaine était reconnu le droit, qu'elle revendiquait depuis longtemps, de raffiner simultanément ou séparément la matière i n digène ou exotique; mais le saccharimètre allait établir, autant que possible, l'égalité de l'impôt s u r les produits indigènes et exotiques. Les colonies obtenaient un dégrèvement temporaire de 6 0 / 0 , et, en réalité, un dégrèvement permanent de 3 fr.; enfin les alcools de betteraves étaient imposés comme les rhums et les tafias provenant du sucre de canne. La raffinerie et la sucrerie métropolitaines trouvaient que, tout compensé, la nouvelle loi leur était moins favorable que l'ancienne. Les raffineurs s'unirent aux fabricants pour en obtenir le retrait : c'est toujours ainsi que les choses se passent. Les fabricants de vins, craignant la concurrence des alcools de betterave, avaient réussi à faire imposer ces derniers. L'impôt rendait, sinon impossible, du moins très-difficile, la fabrication. Les betteraviers sentirent la portée du coup qui les frappait et obtinrent, après une lutte acharnée, la suppression de la taxe. Enhardis p a r ce succès, les coalisés poursuivirent avec persévérance le renversement d'une loi qui les forçait à payer tout l'impôt. Le coup d'État du 2 décembre leur permit de réussir. Ils étaient riches et puissants. Le pouvoir nouveau avait intérêt à les ménager et à se les attacher; aussi l'exécution de la loi fut-elle renvoyée et puis mise à néant, et la tarification fut rétablie sur la base des types. Et voilà comment, dans tous les siècles, les gros ont toujours mangé les petits. On ne s'occupe guère des intérêts généraux, mais des intérêts de tels ou tels qui jouissent d'une plus ou moins grande influence. La nouvelle combinaison allait accroître démesurément la prospérité de la sucrerie métropolitaine, qui avait à sa disposition tous les perfectionnements dé la science. Les colons, qui avaient le plus marché dans la voie des a m é liorations, avaient des dépenses extraordinaires à faire pour maintenir leur outillage dans un bon état de conservation. D'autre part, le noir animal coûtait quatre fois p l u s , le prix de la houille était le sextuple de celui de la métropole ; la journée d'un mécanicien ou d'un ouvrier chaudronnier valait 5 fr. en France et 25 fr. à la Guadeloupe.


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