L'agriculture à la Guadeloupe

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— 139 — la seule depuis que, sur les, observations de l'Angleterre, le recrutement sur la côte d'Afrique fut défendu en 1859, et elle prit une plus large extension lorsque le traité du 1 juillet 1861 ouvrit toutes les partes de l'Inde au recrutement des travailleurs. e r

De 1856 à 1 8 7 5 , le nombre des immigrants s'éleva à 500 Chinois, 3,917 Congos, 2 5 , 4 6 3 I n d i e n s , et les sommes dépensées atteignirent 1 9 , 3 7 3 , 5 6 5 fr. Les prévisions du budget ne dépassèrent pas 4 , 0 1 9 , 8 1 8 fr. Tels furent les efforts faits par les colons pour ne pas voir leur sol fécond devenir une vaste friche, et avec l'aide de deux subventions métropolitaines de 1 5 0 , 0 0 0 fr., qui a cessé d'être accordée depuis 1 8 6 8 . A mesure que la manie de l'immigration grossissait, les cultivateurs créoles se retiraient de plus en plus de la grande culture. La partie de la population indigène encore adonnée à la culture, vivant de peu, se contentait de quelques journées de salaire qui lui permettaient de vivre [de longs jours dans un doux far niente. Cette portion formait deux catégories distinctes. L'une résidait encore sur les habitations, où elle avait la jouissance de la case, du jardin, et, moyennant un salaire journalier d'environ 85 cent pour les femmes, 1 fr. pour les h o m m e s , donnait au propriétaire quelques journées de travail. Sa condition lui suffisait. L'autre résidait sur quelques portions de terre, où elle louait une case, et s'employait à la j o u r n é e , moyennant un salaire de 1 fr. 50 par jour : elle s'en contentait aussi. La vie est si facile aux colonies, le vêtement si peu nécessaire ! Tous ces cultivateurs jouissaient de leur liberté, ce souverain bien, à leur guise. Il n'avaient plus, comme du temps de l'esclavage, les besoins m a t é riels assurés : s'ils étaient malades, ils n'avaient plus les soins obligatoires du maître. Ils avaient la charge de leurs enfants ; ils avaient perdu sous ce r a p p o r t ; mais ils étaient libres, et les lois ne les restreignaient pas au travail. Un certain nombre se mariait ; mais la généralité vivait dans le concubinage, comme par le passé. L'esprit de famille, de conservation, de bienêtre, de prévision et d'épargne ne s'était pas encore largement développé chez l'affranchi. Cette race, bonne au fond du temps de l'esclavage, est restée bonne avec la liberté. Elle n'aimait pas le travail, et aurait été cependant si heureuse et relativement si fortunée, si elle avait voulu remuer le sol ! En 1 8 4 1 , un nègre, dans l'état de ses connaissances et de ses goûts, pouvait vivre avec 120 ou 130 fr. par an, et il lui était facile de gagner cette somme en se louant un ou deux jours par semaine. Il travaillera peut-être pour satisfaire aux premières nécessités de la vie, mais pas davantage, et dans cet état que deviendraient les colonies? Faute de bras, les terres tomberaient en friche. Les colons s'affligeaient de voir leurs anciens collaborateurs déserter la


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