L'agriculture à la Guadeloupe

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— 132 — sition de la loi proclamant la minorité de l'assessora pour juger les crimes commis par les esclaves sur les personnes libres, ou par les maîtres sur les esclaves. Au moment de la promulgation des nouvelles mesures, le gouvernement de Juillet n'existait plus : il avait été renversé par ceux-là mêmes qui l'avaient établi. La République avait été proclamée. Arago, ministre de la marine e t des colonies, adressa une circulaire aux gouverneurs ; il engageait les populations à attendre avec calme et confiance la solution que le gouvernement définitif donnerait au plus tôt à la question de l'abolition de l'esclavage, solution, disait le ministre, trop longtemps retardée dans l'intérêt de l'humanité, et qui sera conciliée avec les droits jacquis. Cette promesse devait être vaine, et le gouvernement, emporté par le mouvement du flot révolutionnaire qui le battait de toutes parts, posa, le 4 m a r s , par un décret, le principe de l'abolition immédiate. Les ouvriers de la dernière h e u r e , voulant accaparer à leur profit le bénéfice d'une aussi grande mesure, avaient arraché cette décision à la faiblesse d'un gouvernement sans vues arrêtées et sans unité. Ils ne devaient pas s'arrêter là : ils voulurent enlever à l'Assemblée nationale, qui devait se réunir le à mai, l'honneur de décréter, au nom de la F r a n c e , l'abolition de l'esclavage, et le 27 avril ils firent rendre le décret suivant : « Considérant que l'esclavage est un attentat contre la dignité humaine ; « Qu'en détruisant le libre arbitre de l'homme, il supprime le principe naturel du droit et du devoir ; « Qu'il est une violation flagrante du dogme républicain : Liberté, égalité, fraternité ; « Arrête : « L'esclavage est entièrement aboli dans toutes les colonies et possessions françaises ; « L'Assemblée nationale réglera la quotité de l'indemnité qui devra être accordée aux colons. » Dès ce moment, l'esclavage n'existait plus aux colonies. La nouvelle de la révolution de février avait semé aux colonies la plus vive agitation. Le travail avait cessé sur toute la surface du pays, et les évén e m e n t s , marchant révolutionnairement, le gouverneur Layrle s'était vu obligé de proclamer l'émancipation, en plaçant l'indemnité, légitimement due aux propriétaires, sous la sauvegarde de l'honneur français. On ne peut qu'applaudir sans réserve, et en réalité ce furent surtout les maîtres qui furent affranchis, car leur situation était devenue intolérable depuis la loi de 1 8 4 5 . La Guadeloupe avait demandé l'abolition immédiate. Colons et esclaves devinrent libres le même j o u r . Les premiers étaient complètement ruinés ; les seconds, brusquement émancipés et déclarés ci-


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