L'agriculture à la Guadeloupe

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— 126 — Le commerce métropolitain faisait de grandes pertes, puisqu'il vendait en France 10 0/0 moins cher que le prix d'achat aux colonies. 11 cessa donc d'envoyer chercher, des cargaisons qui ne produisaient que la ruine. Le gouvernement fit connaître au ministre la situation déplorable de la colonie, qui possédait 2 5 , 0 0 0 barriques de sucre sans acheteurs, et il sollicita vivement l'envoi de navires marchands pour enlever cette marchandise. Le commerce métropolitain resta sourd à cet appel, car, pour ne pas être en p e r t e , il ne pouvait payer, sur les lieux de production, que 21 fr. 7 5 , et les calculs les plus positifs démontraient que le prix nécessaire pour r e m bourser aux colons tous leurs frais devait s'élever à 2 5 fr. les 100 kilog. La perte s'était rapidement élevée à 53 0/0. Au ler septembre 1 8 3 8 , les sucres des colonies expédiés en France s'élevaient à 5 9 , 6 1 9 , 6 4 9 kilog. A la Martinique, il y avait en magasin 13 millions de kilog., à la Guadeloupe et à Bourbon 10 millions; les récoltes des colonies s'élevaient, en chiffres ronds, à 82 millions de kilog. Les sucres en magasin ne trouvaient ni acheteurs, ni navires pour les transporter, et cependant on allait bientôt commencer la fabrication de la nouvelle récolte des cannes. Il fallait sortir de cette triste situation, car c'était pour les colonies une question de vie ou de mort. On sollicita, en faveur des sucres coloniaux, un dégrèvement immédiat d'au moins 2 0 fr. par quintal métrique, comme un premier pas vers l'égalité nécessaire de la taxation des produits semblables dans les colonies et dans la métropole. Le gouvernement n'osa rien faire pour empêcher la perte immédiate de la production et de la navigation coloniale. A la Guadeloupe, un incendie avait détruit la ville du Grand-Bourg, et la fièvre reparut en 1838 avec une grande intensité. La fièvre jaune sévissait aussi à la Martinique, et, le 11 janvier 1 8 3 9 , un tremblement de terre avait renversé la ville de Fort-Royal et fortement e n dommagé Saint-Pierre. Tout se réunissait donc pour accabler les Antilles. Les gouverneurs de la Martinique et de la Guadeloupe, pour éviter une catastrophe, ouvrirent les ports de ces îles au commerce étranger, en p r o mettant l'exportation des sucres. Cette mesure de salut public fut blâmée par le gouvernement métropolitain. La France pouvait impunément violer le pacte colonial ; mais les colonies n'avaient pas.le droit de l'enfreindre, même pour vivre. Aussi l'arrêté du gouvernement fut-il abrogé par ordonnance royale. Les transactions faites par les étrangers avaient immédiatement relevé les prix, qui, en peu de j o u r s , montèrent de 14 à 2 5 fr. Les exportations à l'étranger furent, pour la Guadeloupe, de 2 , 8 2 8 , 5 4 3 kil, de sucre brut et de 2 3 , 9 0 0 kilog. de sucre t e r r é .


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