L'agriculture à la Guadeloupe

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et que les quatre colonies à sucre produisaient annuellement 80 millions de kilog.; production de la récolle indigène de 1 8 3 5 - 1 8 3 6 , 49 millions de kilog., tolal : 129 millions de kilog. La consommation atteignait 100 millions de kilog.; il y avait donc un excédant de 29 millions de kilog. dans l'hypothèse que l'importation du sucre étranger ou l'équivalent en sucre national fût contre-balancé par l'exportation des sucres raffinés. La commission admit l'impôt, en l'abaissant à 10 fr. par 100 kilog. La loi ainsi amendée fut repoussée par la Chambre. Le gouvernement, battu, revint à la charge l'année suivante. Il ne demandait plus un impôt sur le sucre indigène, mais un dégrèvement de 2 0 fr. sur le sucre colonial, à l'effet d'élargir la consommation et d'assurer aux colonies le placement de leurs sucres sur les marchés métropolitains. Les droits demandés étaient de 2 5 fr. pour le sucre brut des Antilles, de 22 fr. pour celui de Bourbon, de 45 fr. pour celui des pays hors d'Europe, de 4 0 fr. pour les sucrés bruts de l'Inde, de 4 5 fr. pour celui des entrepôts, et de 60 fr. pour les sucres par navires étrangers. Ce projet fut encore repoussé et succomba sous la coalilion de : L'intérêt agricole, qui s'était solidarisé avec la sucrerie indigène ; l'intérêt des consommateurs, profitant des bas prix du s u c r e , par suite dé la concurrence des sucres de betterave ; l'intérêt de la raffinerie, qui achetait le sucre à bas prix, exportait du sucre indigène comme sucre étranger, et se faisait rembourser les taxes imposées sur ce dernier. Peu importait aux députés que le Trésor fût en perte, que le fret de retour et les moyens de remise se réduisissent pour le Commerce intérieur, et que la production coloniale succombât. Un nouveau ministre des finances, M. Dumon, proposa de maintenir les droits sur les sucres exotiques, mais d'imposer aux sucres indigènes une taxe équivalente au dégrèvement proposé en faveur des colonies. Une lutte vive s'engagea ; on transigea, et on abaissa le droit à 10 fr. par 1 0 0 kilog. pour la campagne betteravière de 1 8 3 8 - 3 9 , et à 15 fr. à partir de 1 8 3 9 . Cette loi fut votée : elle entraîna la fermeture de 170 fabriques ; mais les mieux installées forcèrent leur production. La sucrerie métropolitaine fut â peine atteinte par l'impôt. En 1 8 3 8 , la production s'éleva à 50 millions de kilog. Les arrivages des colonies, pour la m ê m e année, furent de 87 millions de kilog. La crise annoncée se déclara ; elle fut désastreuse. Les sucres tombèrent aux prix les plus vils ; tout le monde perdit : les colons, les commerçants, les fabricants de sucre indigène. La production des quatre colonies à sucre s'était élevée à 3 5 millions de kilog. pour la Guadeloupe, à 2 6 millions pour la Martinique, à 2 0 millions 1/2 pour Bourbon, 5 millions pour la Guyane. Total : 87 millions de kilog.


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