L'agriculture à la Guadeloupe

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— 118 — Elle s'élevait, avec les emprunts destinés à servir de fonds de roulement, à 60 millions environ pour la Guadeloupe et la Martinique, dont la dette hypothécaire, antérieure à la Révolution, atteignait près de 1 5 0 millions. La dette de 60 millions, entièrement chirographaire, dormait lieu à un compte courant qui ne portait en intérêt que celui limité par la loi française, et annuellement une capitalisation des intérêts. Le prix de revient, sur les lieux de production, avait diminué avec l'accroissement de la culture. Le prix de revient pour 50 kilog. de sucre s'élevait en 1816 à 45 fr., avec un capital de 3 0 0 , 0 0 0 fr.; de 1823 à 1 8 2 7 , à 3 5 fr., avec un capital de 4 0 0 , 0 0 0 fr., et, à partir de 1 8 2 8 , à 30 fr. Les prix du marché de la Pointe-à-Pitre, établis sur la totalité des ventes d'une habitation, ayant produit en dix années 1,837,055 livres de sucre brut, soit une moyenne annuelle de 183 barriques 1/10 , variaient de 19 fr. 4 5 à 38 fr. le quintal, le prix le plus faible en 1 8 2 2 , et le plus fort en 1 8 2 7 . e

Ces p r i x , comparés au prix de revient, accusaient une perte constante, sauf pour l'année 1 8 2 7 , pendant laquelle les cours avaient atteint m o m e n tanément au Hâvre la valeur de 75 fr. Les colonies, qui exécutaient fidèlement le pacte colonial, ne trouvaient donc pas la même réciprocité de la part de la métropole, qui non seulement, ne leur donnait pas un prix r é m u n é r a t e u r , mais encore ne consommait pas leurs produits, puisque le 31 décembre 1827 les états de douane constataient un stock de sucres coloniaux atteignant 14 millions de kilog. Les intérêts lésés se coalisèrent contre la sucrerie coloniale, que l'on accusait de sacrifier les intérêts généraux de la métropole. Le gouvernement, qui avait tant d'intérêts à concilier, ne pouvait se décider, sans de graves raisons, à changer de nouveau la législation qu'il avait déjà si souvent remaniée. La dernière loi, si favorable à l'accroissement des cultures coloniales, devait subir l'épreuve du temps avant d'être modifiée ; mais, pour préparer les bases d'une nouvelle réglementation, il pensa qu'il était sage de consulter les multiples intérêts dont on avait vainement j u s qu'alors cherché la satisfaction. Une enquête fut ouverte. La question à résoudre était de la plus haute gravité, parce que la production du sucre, qui semble n'avoir pour but que de satisfaire à un des innombrables besoins de la consommation, possède ce caractère particulier qu'elle exerçe sur l'industrie, l'agriculture, le commerce, la navigation maritime, la puissance morale et la fortune publique des grandes nations, une influence profonde. L'enquête de 1828 ne put aboutir et ne constata que plus profondément le conflit de prétentions opposées, soulevées par les différents intérêts en présence. Les ports de mer rie purent arriver à une entente, et ils se divisèrent. Les uns demandaient un notable dégrèvement des sucres étrangers; les autres, dont les intérêts étaient liés à la prospérité des colons, n'acceptaient le dégrèvement qu'avec une réduction correspondante dans le droit


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