L'agriculture à la Guadeloupe

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— 116 — Tous les efforts se réunirent pour arrêter les anaux qui affligeaient nos colonies des Antilles et commençaient à étreindre la raffinerie. Cette dernière, menacée, se joignit aux plaignants, et la loi du 17 mai 1826 consacra le triomphe des intérêts ennemis, qu'un même péril avait momentanément unis, et voilà comment les intérêts ont toujours gouverné et gouverneront le monde, même au mépris de la justice et du droit. Celte loi portait que la distinction des comptoirs français et des comptoirs étrangers dans l'Inde était supprimée. Les droits spéciaux, en faveur rie certaines denrées provenant du cru des colonies françaises dans les deux Indes et en Afrique, furent rétablis dans de meilleures conditions. L'expression de provenance de l'Inde comprenait toutes les marchandises importées des pays situées à l'est du cap de Bonne-Espérance et à l'ouest du cap Horn, c'est-à-dire l'Afrique orientale, l'Asie, l'Océanie. Les effets de la loi ne tardèrent pas à se faire heureusement sentir aux colonies des Antilles. On crut un moment que la solution tant cherchée avait été trouvée. Les sucres des colonies françaises étaient suffisamment garantis contre la concurrence ruineuse des sucres étrangers, et comme le législateur n'avait pas voulu faire subir un temps d'arrêt au commerce considérable opéré dans l'Inde, la Cochinchine, les îles Philippines, il avait, en élevant la prime sur la sortie des sucres raffinés, empêché de mettre un obstacle insurmontable aux relations fructueuses établies avec ces pays. Les colonies à sucre, Guadeloupe, Martinique, Guyane, Bourbon, qui, en 1 8 1 6 , n'avaient produit que 1 7 , 6 7 0 , 0 9 0 kil., versaient à la fin de 1 8 2 6 , sur les marchés métropolitains, 7 3 , 2 6 6 , 0 0 0 kilog. La Guadeloupe seule produisait près de la moitié, puisque sa récolte, pendant cette année, s'était élevée à 3 4 , 3 3 0 , 1 2 8 kilog. La métropole qui, en 1816, ne consommait que 24 millions de kilog., avait, en 1 8 2 6 , élevé sa consommation au chiffre de 6 9 , 2 6 5 , 0 0 0 kilog.; de 1816 à 1 8 2 2 , le prix de revient du sucre colonial se maintint à 4 5 fr. les 50 kilog., pour une production de 80 barriques de sucre ; de 1823 à 1 8 2 7 , ce prix, pour une production moyenne de 100 barriques, fut de 35 fr. Les colonies remplissaient donc scrupuleusement les conditions du pacte les liant à leur métropole, qui, sa consommation assurée, avait un excédant de produit dont le commerce pouvait disposer pour la réexportation. La France n'avait plus la possibilité de l'exécuter à son tour avec fidélité, car elle ne pouvait ni consommer, ni exporter les produits coloniaux. Le tarif de 1826 ouvrait de nouveaux horizons à l'industrie coloniale. Les colons eurent recours au crédit; ils s'endettèrent pour posséder les esclaves nécessaires à leurs cultures et pour augmenter leur production, et c'est avec grand peine qu'ils atteignirent le but. En 1822, les sucres coloniaux, évalués dans les états de douane à 3 5 mil-


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