L'agriculture à la Guadeloupe

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— 114 — la concurrence en produits étrangers qui nous dispite nos droits et notre existence au milieu de la métropole. Nous sommes brisés sous le poids de nos maux, disaient vis colons; la vente de nos produits couvre à peine les frais de chargement, etc., et les taxes perçues par le fisc. Ainsi, les frais de culture et rentretien des ateliers, rejetés sur les capitaux, font dès à présent de nos habitations des propriétés ruineuses et à charge pour ceux qui les possèdent. Cette surcharge n'a pas suffi, et il a fallu que les sucres de l'Inde, plus favorisés que les nôtres par le tarif, fussent admis à la consommation et créassent ainsi pour nous une concurrence doublement odieuse. Ce même langage ne sera-t-il pas tenu, d'ici à peu de temps, par nos cultivateurs, dont les frais de culture augmentent chaque jour dans de fortes proportions, alors qu'ils vendent mal leurs produits, par suite de la concurrence que leur font les pays étrangers? Les pétitionnaires démontraient que la source de tous leurs maux provenait du pervertissement du système colonial, puis continental. Dans ce système, point de colonies. Cette vérité est consacrée par l'expérience ; l'ancien gouvernement en a tracé les règles et s'y est conformé. Après avoir posé comme axiome que la disparition de la réciprocité fait disparaître le principe colonial et rompt tous les rapports, que le principe de la réciprocité est le principe organisateur ramenant à lui tous les intérêts et renfermant le pacte fondamental, la pétition se terminait ainsi : « Si cet état se perpétue, c'en est fait des colonies : on va prononcer leur arrêt de mort. Le remède est dans l'entier rétablissement du système colonial. Les sucres étrangers doivent être exclus de la consommation du royaume, puisque nous pouvons y suffire et que nous maintenons rigoureusement aux colonies le régime prohibitif en faveur de la F r a n c e . Les taxes sous lesquelles nous gémissons ne pourraient se continuer sans achever notre ruine. Nos plaintes et nos demandes sont fondées sur la plus stricte justice, sur des droits certains, positifs. » Ces droits, qui pesaient sur les denrées coloniales, s'opposaient à la consommation ; ils étaient, comparés à ceux perçus avant la Révolution, doublés pour le plus grand nombre des produits. Depuis 1 8 1 6 , la Guadeloupe avait progressé d'une manière étonnante. La production n'avait été pour l'importation en F r a n c e , à partir de juillet de cette année, que de 5,304,560 kilog.; en 1822, elle s'élevait à 2 3 , 4 7 7 , 3 3 5 kilog. La consommation annuelle de la France, de 1820 à 1 8 2 3 , atteignait 48 millions de kilog., et la Guadeloupe lui en fournissait la moitié. La situation précaire des Antilles et du commerce s'aggravait de j o u r en j o u r , et, pour faire cesser cet état, ou eut recours à un remaniement de tarifs. Une surtaxe de 33 fr. par 100 kilog. sur les sucres étrangers ne


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