L'agriculture à la Guadeloupe

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à leur convenance, et ce code sera alors livré aux sévères discussions de la Chambre. Un système pondéré de liberté réciproque rendra les communications plus profitables et plus sûres que le système exclusif, qui n'existe plus, et que l'on tenterait vainement de rétablir. Le comte de Saint-Criq, directeur-général des douanes, répondit à ce discours. Deux systèmes étaient en présence : système exclusif, exigeant que les colonies ne vendent qu'à la F r a n c e ; système de la liberté pour la vente et l'achat. Lorsque la France avait la Louisiane, l'Ile-de-France et Saint-Domingue, la consommation en sucre, café, coton, était satisfaite ; elle pourvoyait des mêmes denrées une bonne partie de l'Europe et payait les colonies en p r o duits de son sol et de ses manufactures. Les temps sont changés : les colonies fournissent à peine notre approvisionnement en s u c r e , ne satisfont qu'au tiers de notre consommation en café, et au trentième de celle en coton, etc. Ces changements porteraient à penser que les intérêts de notre commerce seraient mieux satisfaits par l'affranchissement commercial des colonies et par l'essor qu'il prendrait dans le reste du monde. Mais des intérêts de haute politique imposent à la France de posséder des colonies, et par conséquent de considérer jusqu'à quel point le libre commerce, sur les marchés français, des produits nationaux de l'univers avec les produits des colonies françaises, pourrait se concilier avec leur prospérité et même leur existence. Il vaudrait mieux établir un système mixte conciliant le plus possible tous les intérêts. Il n'y a pas urgence à modifier d'une façon radicale l'état actuel des choses, car la production des colonies n'a pas diminué. En 1 7 8 8 , la Martinique fournissait 1 3 , 8 1 0 , 0 0 0 kil. de sucre, et 2 0 , 9 0 0 , 0 0 0 en 1 8 2 0 . En 1 7 8 8 , la Guadeloupe importait 7 , 6 0 0 , 0 0 0 kil., et 2 1 , 0 4 4 , 0 0 0 en 1820. Leur détresse ne provenait que des bas prix des sucres. Il était, en 1820, de 30 à 32 fr. les 100 livres, poids de m a r c , en 1788 de 22 à 26 fr. Les frais d'exploitation ont augmenté depuis trente ans ; mais ils ont augmenté partout, et le sucre du Brésil ne se vendait que 22 à 24 fr. Il n'y avait donc rien à changer pour le moment, et la proposition de M. Beugnot fut rejetée. La situation des colonies était cruelle, et les documents le démontrent largement. La réduction de la valeur vénale excitait les plaintes des a r m a teurs et des colons. Le sucre colonial français, vendu en France pour compte du colon, amenait de la perte ; l'armateur français n'obtenait plus, par la vente en F r a n c e , le remboursement de ses déboursés. En 1822, les souffrances des colonies devinrent si intolérables, que des colons réunis à Bordeaux adressèrent une pétition aux Chambres, qui t r a çait le tableau lugubre de la situation. La culture du sucre est toujours abondante et prodigue; mais cette abondance ne sert qu'à doubler les peines lorsque les récoltes périssent, tant par l'effet d'impôts outre mesure que par 8


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