L'agriculture à la Guadeloupe

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— 112 — retentirent, et le ministre de la marine s'occupa dé la question ; mais on ne vit pas le mal là où il existait réellement. La consommation en France n'augmentait pas, parce que les droits d'entrée sur les sucres étaient trop élevés, et les sucres étrangers ne cessaient d'envahir nos marchés, en même temps que les colonies y expédiaient plus de produits. On crut trouver le remède dans un nouveau remaniement du tarif, et le 7 juin 1820 on imposa ainsi les sucres : sucres bruts provenant de Bourbon par navires français, 37 fr. 50 les 100 kilog.; terrés de toutes nuances, 60 fr. ; bruts blancs et terrés, 70 fr. ; terrés blancs des établissements français, 90 fr. ; des comptoirs é t r a n g e r s , 9 5 fr., etc. Les primes pour l'exportation des raffinés étaient maintenues. Trop d'intérêts se contrariaient pour que l'on pût trouver une solution raisonnable. Il fallait concilier l'intérêt des consommateurs, demandant du sucre à bon marché ; celui du Trésor, qui, pour augmenter les recettes, devait faciliter, étendre la production et la consommation ; celui des colonies, qui devait exiger un placement avantageux de leurs produits; celui du commerce maritime, trouvant dans le transport des sucres de toutes provenances un fret avantageux et un emploi utile de ses navires; enfin celui de la raffinerie. Voilà bien des intérêts en présence ; mais ceux des producteurs de betteraves et de sucre doivent sans aucun doute tenir le premier rang, et par conséquent il faudrait absolument diminuer les droits pour accroître la consommation. Beaucoup de m a i s . . . s'opposent à celte solution, la seule qui puisse sauver l'industrie sucrière de la France. Les mêmes faits se p r o duisent à toutes les époques, et l'histoire de nos colonies peut le plus s o u vent être appliquée à notre pays. Les colonies, dont les priviléges irritaient quelques esprits, étaient dans les Chambres l'objet d'attaques passionnées. En 1 8 2 1 , le comte de Beugnot, député de la Seine-Inférieure, chercha à démontrer que la France s'imposait de grands sacrifices pour deux misérables colonies, sans importance ; elle payait 2 , 6 0 0 , 0 0 0 fr. pour l'administration, et accordait à leurs produits introduits en France une faveur évaluée, pour 41 millions de kilog. de sucre, à 6 0 0 , 0 0 0 ou 700,000 fr. Le système colonial coûtait bien davantage à la France, puisqu'il restreignait son commerce, en l'empêchant d'ouvrir des relations avec les parties du monde riches en denrées coloniales. Après avoir mis en avant une foule de raisons, M. de Beugnot demanda que les colonies fussent livrées à ellesmêmes, en supprimant l'allocation de 2 , 5 0 0 , 0 0 0 fr. La métropole et les colonies y gagneraient, et tous les vices de l'administration disparaîtraient peu à peu, lorsqu'on aurait laissé aux colons le soin d'en régler et d'en payer les frais. Il proposa, en outre, une foule de modifications concernant l'application des tarifs douaniers. Le système exclusif ne se comprenait plus depuis l'abolition de la traite. Les colons assemblés proposèrent eux-mêmes le code


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