L'agriculture à la Guadeloupe

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teurs impuissants ; ou bien doit-on chercher par quelques résolutions h é roïques à en atténuer les malheurs ? « Ne nous laissons pas entraîner par le torrent quand nous pouvons encore le diriger, disait le général Ambert ; ne nous laissons pas imposer par la violence ce que nous pouvons faire librement et volontairement. N'acceptons pas le triste rôle de vaincus. Plaçons-nous hardiment et d'un seul pas à la tête de la civilisation coloniale, et marchons dans cette voie n o u velle avec le calme et la force que donnent les situations nettes et bien t r a n chées. En appelant toute une population aux bienfaits de la liberté, qu'aucun effort ne nous coûte pour lui épargner, dans l'avenir, les luttes et les misères du prolétariat, ce fléau des sociétés modernes... Levons l'étendard de la résignation, et inscrivons sur notre drapeau : Liberté, ordre, travail, bien-être ! Que la mère patrie apprenne enfin que les colons tant calomniés sont des enfants dignes d'elle. » Ce si magnifique langage trouva de l'écho et dans le conseil colonial et dans le pays; mais l'un et l'autre repoussaient cette loi de 1 8 4 5 , qui avait déjà produit les plus mauvais effets. Le conseil déclara à l'unanimité qu'il entrait volontiers dans la voie de l'émancipation, et une commission fut désignée pour préparer un plan qui, dans la vue de la transformation des colonies, aurait pour objet le maintien du travail et pour base le principe de l'association, principe d'une application peut-être impossible en Europe, mais qui pouvait se réaliser dans des pays où se trouvent déjà tout formés des groupes de famille et de société. La généreuse initiative des colons de la Guadeloupe souleva de profondes colères et mécontenta vivement le gouvernement ; mais une catastrophe ne tarda pas à jeter dans le même abîme le gouvernement de Juillet et la vieille société coloniale. Cependant le pays restait calme, et les colons continuaient à chercher, par tous les moyens, à améliorer leur agriculture sous toutes les formes, Le gouvernement de la Restauration s'était toujours occupé des améliorations à introduire dans l'agriculture coloniale. Le baron des Rotours n'ayant pas réussi dans ses projets d'amélioration de la race des chevaux créoles, voulut cependant faire des efforts pour que les habitants se passassent de mulets venant de l'extérieur : il établit une prime de 50 fr. destinés aux propriétaires de mulets de deux a n s nés dans les colonies. Cette prime fut supprimée en 1 8 3 2 , parce que la situation de la colonie ne permettait pas, disait-on, de supporter plus longtemps cette dépense. C'est toujours ainsi qu'agissent les ignorants et les incapables : on dépense à tort et à travers, au lieu de réserver l'argent pour les choses utiles. 11 en sera toujours ainsi tant que les cultivateurs ne s'occuperont pas sérieusement de leurs affaires. Le gouvernement de Juillet ne se préoccupa nullement des améliorations


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